Dix ans après Timbuktu, le cinéaste franco-mauritanien Abderrahmane Sissako réalise un nouveau film sorti en salle le 28 février et en sélection à la dernière Berlinale. À Abidjan, on assiste à la cérémonie de mariage d’Aya (Nina Mélo), une jeune ivoirienne. Elle est sur le point de recevoir les saints sacrements quand elle décide finalement de tout plaquer. Par la magie toute cinématographique de l’ellipse, on la retrouve à Guangzhou, vendeuse dans une boutique de thé. Cai, son patron (Han Chang), l’initie à la cérémonie du thé. L’apprentissage des savoir-faire, des codes culturels de cette tradition ancestrale, et le jeu de séduction s’entremêlent. Sissako représente le voyage et le déplacement comme un cheminement intérieur vers l’autre. Une romance ambiguë et un peu désuète, figée dans une intemporalité fantasmagorique, va naître entre les deux personnages. Les désirs de la femme sont abandonnés au profit de l’expression des tourments masculins. Tiraillé par son passé qui le rattrape et son rôle de père, Cai disparaîtra dans un bref épisode capverdien au rythme de la musique locale. Cette fois, c’est lui qui sera le déraciné.

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