De l’inventaire à la patrimonialisation d’une histoire vivante
En 1983, dans de nombreux territoires en France, des crimes racistes se multiplient à l’encontre de jeunes originaires de quartiers défavorisés, dont une large part sont des enfants de travailleurs immigrés. Face à cette violence, un groupe de jeunes filles et garçons de la banlieue lyonnaise, décide, avec le soutien d’acteurs associatifs locaux et nationaux, et tout particulièrement le Comité inter-mouvements auprès des évacués (Cimade), d’entreprendre une marche pacifique à travers la France hexagonale en octobre 1983. L’un des slogans repris alors, « Rengainez, on arrive », dit tout du contexte brutal que ces jeunes doivent affronter, mais également de leur détermination à contrer une logique consistant à les exclure de la société française, bien qu’ils soient presque tous Français et revendiquent le droit d’être reconnus comme tel. Cette démarche militante non violente n’est pas nouvelle : une décennie plus tôt, des travailleurs immigrés entamaient déjà des grèves de la faim en réaction aux conditions de vie et de travail inégalitaires qui leur étaient imposées. La Marche de 1983 est donc l’héritière d’une longue histoire de luttes de l’immigration.
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