Article de dossier/point sur

« Rejeter la France » en immigrant au Québec ?

Chercheur post-doctoral, Département de science politique, Université Concordia
Professeur titulaire, École des affaires publiques et communautaires, Université Concordia
Titulaire de la Chaire de recherche de l’Université Concordia sur les politiques d’immigration et professeure agrégée, Département de science politique, Université Concordia

Depuis le début des années 2000, l’immigration de ressortissants français au Canada, et notamment au Québec, est en forte croissance. À titre d’illustration, le nombre de permis de mobilité internationale octroyés à des Français au Canada ces vingt dernières années a plus que triplé. Pensée traditionnellement comme une société d’immigration ayant accueilli des vagues successives de migrants en provenance d’Europe et des anciens territoires coloniaux, la France est désormais marquée par le pendant migratoire de l’émigration. En recomposition ces deux dernières décennies, ces nouvelles mobilités Nord-Nord suscitent un intérêt renouvelé dans le champ des études migratoires. Plusieurs travaux scientifiques récents, notamment dans les pays du Golfe, renouvellent d’ailleurs l’étude des immigrants français, en portant, entre autres, le regard sur les projets et les trajectoires migratoires de Français racisés. Si la diversité des parcours migratoires de Français au Québec et de leurs aspirations a déjà pu être analysée, peu de travaux s’intéressent cependant aux différences de positions sociales et raciales entre eux. Or, malgré des difficultés d’objectivation statistique, l’immigration française au Québec se révèle plus diverse socialement, incluant notamment une part non négligeable d’immigrants français racisés, notamment maghrébins.

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