Champs libres : musique

Denis Laborde. De la pratique musicale aux sciences expérimentales du social

Pour sa neuvième édition, du 6 au 16 octobre 2022, le festival Haizebegi, Musikaren Munduak/ Les Mondes de la Musique1 proposait à Bayonne des concerts, projections de films, rencontres, conférences, ateliers et expositions autour du thème « Ce que peut la musique ». Cette édition accueillait notamment l’Ensemble vocal du Musée Ivan Honchar de Kiev et posait la question : Pourquoi chanter, pourquoi jouer de la musique alors que la guerre ôte « toute limite à la manifestation de la violence » (Clausewitz) ?

Journaliste musical

Au programme également, les musiciens de l’Afghanistan National Institute of Music (ANIM), contraints à l’exil depuis la prise du pouvoir des Talibans dans leur pays. Grâce au gouvernement portugais qui leur a offert l’asile début 2022, ils continuent d’alimenter et de promouvoir la beauté de la musique afghane. Après leur première prestation publique à Bayonne, une rencontre-débat avait lieu avec Ahmad Naser Sarmast, fondateur de l’ANIM, et Madame Parwana Paikan, ministre conseiller auprès de l’ambassade de la République islamique d’Afghanistan à Paris, ambassade dissidente qui ne reconnaît pas les autorités en place à Kaboul depuis le 15 août 2021.

Cette année, Bruno Latour devait participer au festival, le jour même où il quittait ce monde.

En invitant des chercheurs comme Cédric Villani, le festival Haizebegi s’affirme non pas comme un simple festival de musique, mais comme « un instrument de connaissance et d’analyse », précise son directeur artistique Denis Laborde, chercheur en anthropologie de la musique. La démarche originale et pertinente de ce directeur de recherche au CNRS, médaille d’argent du CNRS 2020, et directeur d’études à l’EHESS donnait envie de mieux connaître le parcours de ce spécialiste de la musique comme outil d’analyse des sociétés humaines. Le chercheur de 63 ans retrace, avec la générosité qui le caractérise, les grandes étapes de son cheminement.