Agnès Desarthe, Le Château des Rentiers
« Dans certaines civilisations […], lorsque l’on parle de l’avenir, on désigne ce qu’il y a en arrière, et si on évoque le passé, à l’inverse, on a les mains, les doigts qui pointent vers l’avant. Pourquoi, selon toi ? » Serait-ce LA phrase de ce livre ? Celle qui en éclaire la marche. L’avenir, pour « notre » auteure, quinquagénaire titillée par les fourberies de l’âge, serait de réunir ses amis d’enfance dans une sorte d’« hospice autogéré », « une utopie du grand âge ». Le passé, lui, conduit rue du Château des Rentiers dans le 13e arrondissement parisien, dans l’appartement de Tsila et Boris, mamie et papi Jampolski. Le projet ou « fantasme » d’une vie communautaire du grand âge serait-il le miroir de ce phalanstère inventé par ses grands-parents et leurs voisins, tous immigrés bessarabiens, tous juifs et communistes ? « Personne n’était riche », écrit Agnès Desarthe, « sur certains poignets, on lisait une série de chiffres tatoués ». « Avaient-ils compris que la vieillesse est plus âpre quand elle est solitaire ? »
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