21860 - 1914 : Circulations et diplomatie à l'heure de l'impérialisme
Au milieu du 19e siècle, les pressions politiques et militaires européennes opèrent de profonds bouleversements géopolitiques en Asie. La France participe aux côtés de la Grande-Bretagne aux expéditions de la seconde guerre de l’opium contre la Chine. Les deux puissances impérialistes lui imposent par la force l’ouverture au commerce international. Le Japon s’ouvre également au commerce occidental à la faveur de la signature de traités qualifiés de « traités inégaux ». Dans le même temps, la France entame, dès 1862, la conquête militaire de la future Indochine qui s’achèvera en 1893. L’essor de l’impérialisme français en Extrême-Orient sous le Second Empire marque un tournant dans les relations entre la France et l’Asie. Paris devient une étape diplomatique inévitable pour les officiels chinois, japonais ou vietnamiens qui viennent avec l’espoir de renégocier les termes de la tutelle française.
Dans le sillage de ces circulations diplomatiques et politiques, la France métropolitaine voit l’arrivée de migrants, encore peu nombreux, venus d’Extrême-Orient. Au sein de l’Empire colonial, la migration de travailleurs asiatiques destinés à remplacer la main d’œuvre servile se développe dans le cadre de l’engagisme.
Ambassades
Les pays asiatiques soumis aux pressions politiques, militaires et aux conquêtes coloniales envoient dans la capitale française des délégués et ambassadeurs chargés de faire entendre leurs voix. Paris voit ainsi se multiplier l’arrivée de délégations officielles. Les séjours de ces ambassades, qui suscitent intérêt et curiosité du public métropolitain, sont largement relayés dans la presse. La première ambassade japonaise séjourne en France en 1862 dans le cadre d’une tournée mondiale visant à renégocier les traités d’ouverture du pays au commerce occidental.
En 1863, Paris accueille l’ambassade d’Annam (Vietnam), menée par Phan Thanh Gián. Les délégués et ambassadeurs, qui échouent bien souvent à obtenir gain de cause, sont parfois confrontés, de retour dans leur pays d’origine, à des soupçons de compromission de la part de leurs compatriotes.
Expositions universelles
De 1867 à 1900, quatre expositions universelles se succèdent à Paris. Symboles de la modernité triomphante, elles sont l’occasion pour les pays participants d’exposer leurs meilleures créations techniques, industrielles, artistiques, etc. L’Extrême-Orient y occupe une place de choix. Les expositions universelles constituent un enjeu de visibilité et de diplomatie important pour les puissances asiatiques, qui profitent de ces occasions pour affirmer leur intégration au concert des nations tout en revendiquant leur indépendance. Aux sections encadrées par les délégations des pays invités se juxtaposent les expositions conçues et organisées par des commissions françaises. Les pavillons et les expositions consacrées aux territoires conquis de l’Indochine sont l’occasion de mettre en scène de manière grandiloquente les possessions coloniales de l’Empire français.
Engagisme
Apparu dès le 17e siècle, l’engagisme se développe au 19e siècle suite à l’interdiction de la traite et l’abolition de l’esclavage. Ce régime de travail salarié contraint est dénommé « engagisme » par les employeurs et les représentants des administrations dans les colonies françaises.
L’Asie orientale fournit des contingents importants de travailleurs « libres », principalement destinés à remplacer la main-d’oeuvre servile dans les plantations coloniales. Une majorité de ces travailleurs, engagés pour une durée déterminée (de trois à huit ans en général), viennent d’Inde, mais le recrutement s’étend à l’Afrique, au Pacifique et à l’Extrême-Orient. La Chine, l’Indochine coloniale (le Vietnam très majoritairement) et le Japon fournissent les contingents d’engagés de l’Est et du Sud-Est asiatiques employés dans l’empire colonial français après 1850 et jusqu’à la Grande Guerre.