41945 - 1990 : Décolonisation et conflits régionaux
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Asie entre dans une phase de décolonisation et est prise dans les enjeux de la guerre froide et les rapports de force entre l’URSS et les États-Unis. Les mouvements de populations entre l’Indochine française et la métropole s’accélèrent pendant la guerre de décolonisation qui débute en 1945, et plus encore avec l’indépendance du Vietnam, du Laos et du Cambodge en 1954. Les « rapatriés » asiatiques transférés sur le territoire métropolitain ont des profils très variés. Mais c’est surtout durant les décennies 1975-1985 que les migrations sont les plus importantes.
La fin de la guerre du Vietnam et l’avènement des régimes communistes dans toute la péninsule suscitent des déplacements de masse. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime qu’environ trois millions d’individus fuient la péninsule Indochinoise entre 1975 et 1995. 1,3 million de Vietnamiens, Cambodgiens et Laotiens trouvent refuge en Occident. La France, deuxième pays d’installation derrière les États-Unis, accueille près de 130 000 de ces réfugiés.
Décolonisation et rapatriements
Les accords de Genève mettent fin à la guerre d’Indochine et enclenchent des flux de migration plus soutenus vers la métropole. Les personnes transférées sur le territoire français entre 1945 et 1954 ont des profils très divers. Aux côtés des anciens colons français, fonctionnaires et soldats, relativement peu nombreux, se trouvent des employés indochinois auxiliaires de l’armée avec leur famille, mais aussi des enfants issus d’unions franco-asiatiques, orphelins ou accompagnés de leur mère indochinoise. Une partie de ces « rapatriés », transférés en France en tant que citoyens français, n’a jamais foulé le sol de la métropole et ne parle pas nécessairement français. Les rapatriés de nationalité française n’ayant pas d’attache avec la métropole sont regroupés dans des Centres d’accueil des rapatriés d’Indochine (CARI), devenus au cours des années 1960 Centres d’accueil des Français d’Indochine (CAFI).
Les réfugiés du Sud-Est asiatique
Dans le contexte global de la guerre froide, le Cambodge, le Vietnam et le Laos sont traversés par des années de guerres civiles et de conflits régionaux. De nouveaux régimes d’obédience communiste prennent le pouvoir : les Khmers rouges au Cambodge, le Pathet Lao au Laos et les forces du Nord-Vietnam qui gagnent le Sud. Ces nouveaux régimes traquent, emprisonnent et exécutent ceux qui sont perçus comme des ennemis, et déclenchent une vague sans précédent de fuite à l’étranger de ressortissants de l’Asie du Sud-Est. Les images d’hommes, de femmes et d’enfants sur des bateaux à la dérive, à la recherche d’un port où accoster, suscitent l’émoi de la communauté internationale. La France, comme nombre de pays occidentaux, adopte une politique d’accueil à bras ouverts de ces réfugiés.
Implantations territoriales
Les migrations Est et Sud-Est asiatiques en France sont principalement un phénomène urbain. Ce sont les très grandes villes, à l’instar de Paris, Lyon ou Marseille, qui accueillent l’essentiel des migrants originaires d’Asie de l’Est et du Sud-Est. Les quartiers les plus identifiables sont le produit d’une histoire récente. Le « Triangle de Choisy », souvent considéré comme le chinatown parisien, et le plus grand d’Europe, se développe à la suite de l’installation d’une grande partie des réfugiés du Sud-Est asiatique à partir de 1975.
À ces centralités bien identifiées répondent des quartiers asiatiques plus modestes en taille, parfois limités à quelques rues. Dans une moindre mesure, les zones rurales et territoires ultramarins sont également des lieux d’établissement. Ainsi, sur les 10 000 réfugiés hmong acheminés en France, une grande partie est affectée dans des zones rurales de la métropole, tandis que près d’un millier rejoint la Guyane.