1L'exposition
L’histoire des migrations est et sud-est asiatiques en France est à la fois ancienne et éminemment contemporaine. Aujourd’hui, près de 6 % de la population immigrée en France vient de Chine, du Vietnam, du Cambodge, du Japon, de Corée, du Laos, de Thaïlande ou des Philippines. En retraçant plus de 150 ans d’histoire des migrations asiatiques en France, l’exposition met en lumière cette part méconnue de notre histoire commune.
Si l’Asie renvoie à un continent aux frontières établies, le sens associé aux termes d’Asie et d’Asiatique en Occident varie en fonction des contextes nationaux, de l’histoire et du passé colonial de chaque pays d’accueil. C’est aux migrations en provenance d’une partie de l’Asie seulement, la région de l’Asie de l’Est et du Sud-Est, que s’attache l’exposition. Bien que chaque pays qui la compose se singularise, les échanges et flux migratoires établis dans le temps long entre les pays de cette partie de l’Asie, la proximité de cultures, coutumes, croyances, valeurs et pratiques liées à l’influence de la civilisation de la Chine ancienne sur la région ont concouru à tracer ce périmètre géographique.
De plus, malgré les histoires très différentes de ces immigrations en France, les regards extérieurs portés sur ces populations, quelle que soit leur origine nationale, sont souvent monolithiques et porteurs de stéréotypes relativement homogènes. Aborder l’histoire de ces populations asiatiques dans une même exposition vise à déconstruire cet amalgame.
De 1860 à nos jours, l’exposition retrace les trajectoires collectives mais aussi individuelles de migrants en provenance de l’Asie de l’Est et du Sud-Est et de leurs descendants, au rythme des grands bouleversements du monde contemporain. Permanence des stéréotypes dans le temps, invisibilisation, discriminations, tout comme les luttes et initiatives qui visent à les dénoncer sont partie prenante de cette histoire. Œuvres, objets, archives, témoignages tissent le fil de ce récit, mêlant grande Histoire et expériences singulières des migrants et de leurs descendants.
Commissariat de l'exposition
Chargée de recherche au Centre national de la recherche scientifique, Simeng Wang est sociologue, membre du CERMES3, coordinatrice du réseau de recherche Migrations de l’Asie de l’Est et du Sud-Est en France (MAF) et fellow à l’Institut Convergences Migrations. Elle est commissaire scientifique de l’exposition Immigrations est et sud-est asiatiques depuis 1860 présentée au Musée national de l’histoire de l’immigration. Entre 2020 et 2022, elle a coordonné les projets « Migrations chinoises de France face au Covid-19 » (MigraChiCovid, Agence
nationale de la recherche) et « L’expérience des discriminations et du racisme des personnes d’origine asiatique de l’Asie de l’Est et du Sud-Est en France » (REACTAsie, Défenseur des droits). Elle est l’autrice de plusieurs ouvrages et articles scientifiques portant sur l’immigration chinoise en France et sur les phénomènes de racisme et de discriminations raciales vécus par des personnes originaires de l’Asie de l’Est et du Sud-Est résidant en France. Citons entre autres : Illusions et souffrances. Les migrants chinois à Paris (Éditions rue d’Ulm, 2017), Chinese immigrants in Europe : image, identity and social participation (Walter de Gruyter GmbH, 2020), Chinese in France amid the Covid-19 Pandemic: Daily Lives, Racial Struggles and Transnational Citizenship of Migrants and Descendants (Brill, 2023).
Diplômée de l’Institut national du patrimoine et de l’Université de Paris Nanterre, elle est responsable de la collection Histoire du Musée national de l’histoire de l’immigration depuis 2017. Conservatrice du patrimoine, son parcours professionnel l’a mené à évoluer dans différentes institutions culturelles comme la Direction régionale des affaires culturelles de Normandie, le Centre de Recherche et de Restauration des musées de France ou encore le Musée de l’immigration d’Ellis Island de New York.
Chloé Dupont est chargée d’exposition au Musée national de l’histoire de l’immigration. Diplômée en histoire de l’art à l’Université de Grenoble et en muséologie à l’École du Louvre, elle a notamment participé à la préparation de plusieurs expositions au musée d’Orsay, au Petit Palais et au musée Cernuschi.