Une immigration de travail ?
Le travail constitue le premier motif de l’immigration portugaise en France. Les migrants portugais, venant pour la plupart de région rurale, sans qualifications, ont trouvé à s’embaucher massivement dans le BTP et des industries dans les années 1960. Si les parcours scolaires de leurs enfants progressent dans les années 1990, les statuts professionnels ont tendance à se reproduire. Il n’en va plus de même dans les années 2010. Les jeunes portugais migrant ont à cœur de développer leur capital scolaire afin se positionner à l’échelle européenne, dans des secteurs recherchés du marché du travail, et sur un pied d’égalité avec leurs pairs européens.
Les travailleurs immigrés portugais des Trente Glorieuses
Marie-Christine Volovitch-Tavares, Hommes & Migrations, n°1263, 2006
Les migrants portugais venus en France dans les années 1960 ont trouvé principalement du travail dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Marie-Christine Volovitch-Tavares revient sur une enquête sociologique menée en 1964-65 dans le département de la Seine (voir H&M, n° 627, 1965) et met l’accent sur les aspects concernant spécifiquement l’emploi et l’insertion professionnelle. Cette immigration, issue d’un exode rural massif, bénéficie d’un faible niveau de scolarité, manque de formation à l’égard du travail mécanisé et trouve dans le BTP un secteur qui emploie facilement des immigrants irréguliers. Si la promotion professionnelle concerne peu ces immigrants, passé l’étape de la période d’arrivée, les salaires des travailleurs portugais progressent avec l’amélioration de leurs compétences, leur meilleure connaissance du monde du travail et leur stabilisation dans une entreprise où ils peuvent acquérir une certaine ancienneté.
En Auvergne, une immigration portugaise en milieu rural
Jacques Barou, Hommes & Migrations, n° 1210, 1997
L’immigration portugaise en Auvergne rurale a débuté avec la fin de la Deuxième Guerre mondiale et prospère depuis lors. Des réseaux d’accueil se sont formés autour des “pionniers” et les entreprises locales n’ont pas hésité à embaucher cette main-d’œuvre bon marché. La communauté portugaise d’Auvergne contribue à la remise en état de nombreuses maisons, ainsi qu’au rajeunissement de la démographie locale, permettant la survie de plusieurs villages que l’exode rural semblait condamner à l’abandon. Les analyses relativisent la forte organisation communautaire des Portugais. Dans le Puy-de-Dôme, leur arrivée massive s’est faite en ordre dispersée et a généré une sociabilité entre compatriotes qui reste d’ordre informel et occasionnel.
L’Insertion professionnelle des jeunes nés de parents portugais
Nathalie Kotlok-Piot, Hommes & Migrations, n°1210, 1997
Les enfants des migrants portugais arrivés dans les années 1960-70 ont commencé à accéder à l’emploi dans les années 1990. L’analyse porte sur leur entrée dans le marché du travail, la façon dont ils évaluent leur situation et leurs aspirations. Si ces jeunes ont davantage de diplômes que la génération précédente, ces derniers sanctionnent des cycles d’études courts. Les statuts professionnels se reproduisent au sein des différentes générations. Toutefois, chez les adolescents encore scolarisés, près de la moitié visent le baccalauréat et 30 % veulent s’engager dans des études longues. Ainsi, l’évolution récente des parcours scolaires et des aspirations des adolescents laisse espérer des possibilités d’ascension sociale et professionnelle accrues. Ils entreraient alors en concurrence avec d’autres jeunes. Ils risquent paradoxalement le chômage ou le repli dans des métiers où ils sont relativement protégés car peu concurrencés, à savoir dans la pénibilité, la précarité et, en définitive, dans les types d’emploi de leurs aînés.
L’émigration portugaise qualifiée dans le contexte européen
Hommes & Migrations, n°1317-1318, 2017
Devant le renouvellement de l’émigration portugaise en Europe, une enquête réalisée en 2014 fait le point sur les représentations que les migrants portent sur leur propre parcours. La distinction de différents facteurs de répulsion pour leur pays d’origine et d’attraction pour le pays de destination permet d’esquisser les nouveaux visages des migrants portugais, plus qualifiés que leurs prédécesseurs et très informés sur les perspectives professionnelles de mobilité. Ces jeunes privilégient le développement de leur capital scolaire afin de saisir des opportunités d’emploi dans des secteurs recherchés du marché du travail, sur un pied d’égalité avec leurs pairs européens. Envisageant leur départ davantage comme une expérience de vie qu’une situation d’émigration, ils contribuent à redéfinir les contours transnationaux de l’Europe contemporaine.