La Marcheuse
Lin, la petite quarantaine, chinoise et sans-papiers, vit avec sa fille adolescente, Cerise, dans le grand appartement d’un vieux monsieur impotent dont elle s’occupe en échange du logis, dans le quartier parisien de Belleville.
Le jour, pour gagner de quoi vivre, elle rejoint les "marcheuses" du boulevard, ses compatriotes prostituées. Leur amitié aide à tenir face aux coups durs – mépris, voire violence des clients, descentes de police, angoisses du lendemain. Un soir, le jeune voisin d’en face, blessé, la force à le laisser entrer avec elle dans l’appartement. Endetté et poursuivi par les hommes de main de son créancier, il impose ensuite sa présence clandestine dans l’appartement, en jouant sur la terreur de Lin d’être mise à la porte, et lui réclame de l’argent. Elle décide alors d’essayer de tirer parti elle aussi de la situation…
Pour ce premier long métrage, Noël Marandin s’est inspiré au plus près de femmes qu’il côtoie depuis plusieurs années en tant que bénévole au sein de Médecins du monde (en savoir plus), comme il l’explique dans cet entretien en ligne (voir l'entretien). Lin, à l’instar de la plupart des "marcheuses" de Belleville, est venue en France après avoir travaillé dans l’un des grands complexes industriels du nord-est de la Chine, qui ont fermé les uns après les autres. La prostitution représente pour elle un mal nécessaire, qui lui accorde dans sa précarité extrême la toute petite marge de liberté à laquelle elle s’accroche.
Ni manichéen, ni misérabiliste, le film dépeint cette réalité à petites touches sèches et précises, mais l’ancre dans le jeu subtil d’une relation tissée de désirs et de non-dits entre les trois principaux protagonistes. Un beau portrait de femme, empreint de justesse et de générosité.
Irène Berelowitch
La Marcheuse
Film de Noël Marandin (France, 2016, 1h20mn)
Avec Qiu Lan, Yannick Choirat, Louise Chen, Philippe Laudenbach