La mort du Dieu Serpent

C’est l’histoire d’un retour au pays sur une terre qui n’est pas le sienne. Koumba parle le soninké mais tout lui est étranger : sa famille pauvre, la ville salle qu’elle regarde avec dédain, la lenteur administrative qui la met hors d’elle alors qu’elle tente de réunir les papiers pour rentrer chez elle, en France. Dans ce combat contre son exil forcé, la jeune fille semble se battre contre elle-même. Dans un état de colère permanent, totalement démunie, elle s’alourdit bientôt d’une grossesse puis de deux. Les enfants naissent sans père présent. Elle tombe malade et quand sa fille de 7 mois meurt, le réalisateur dit en voix off : "je te sens au bord de la folie". Est-elle cette jeune fille que le Dieu Serpent à sept têtes demande en sacrifice, chaque année, pour laisser le peuple des Soninkés jouir de ses terres fertiles, selon le conte raconté à la fin de ce beau film de Damien Froidevaux ? Cette jeune fille touchante, biche et amazone à la fois, agaçante autant qu’impressionnante est "Koumba France" pour la famille qui finit par l’accueillir. Elle est la France dont elle rêve, comme beaucoup de Sénégalais, mais pour elle pays de l’enfance et où vivent toujours ses parents. Le réalisateur montre des moments de bonheurs dans l’exil, où Koumba semble s’installer, les mois et les années passant. Le film ne dit pas si son combat pour revenir en France avec son fils sénégalais a porté ses fruits, et si Koumba murie par son exil forcé s’est enfin posée... ici ou ailleurs.

La mort du Dieu Serpent sera montré à Paris dans le cadre du Festival des Monteurs associés, du 9 au 13 mars 2016 (site web). Sa sortie en salles et en DVD est prévue courant 2016.

Catherine Guilyardi