2001 : Centenaire de la loi sur la liberté d’association

Hommes et Migrations, n°1229, janvier-février 2001

Le centenaire de la loi sur la liberté d’association est l’occasion de faire le point sur la participation des immigrés à la vie civique et politique en France. Cette participation associative est dynamique et multiforme, mais reste peu connue par l’opinion publique. Les étrangers en tant qu’acteurs associatifs accèdent à une forme de citoyenneté locale. La revue revendique ainsi une citoyenneté ouverte prenant en compte l’engagement associatif des immigrés et pas seulement leur nationalité.

Les associations issues de l’immigration sont marquées par leur histoire, entre liberté et interdiction. Elles sont autorisées par la loi de 1901 mais un décret-loi du 12 avril 1939 les interdit quand elles comptent plus de la moitié d’étrangers. Ainsi, pendant plus de quarante ans, "la peur de l’interdiction – ou pis encore de l’expulsion – plane" sur ces associations qui doivent contourner le système pour trouver leur place dans l’espace public. "Aussi se cantonnent-elles pour l’essentiel dans des activités culturelles" qui deviennent un moyen de faire de la politique. Ce décret-loi est supprimé à l’automne 1981. Dans les années 1990, les associations issues de l’immigration connaissent une nouvelle dynamique et les initiatives sociales, culturelles et politiques se multiplient.
Dans ce contexte, Hommes et Migrations soulève la question "de la fabrication de la citoyenneté à deux vitesses" : alors que les ressortissants de l’Union européenne obtiennent le droit de vote local et l’éligibilité dans les municipalités, les étrangers non-européens réclament aussi des droits. Les auteurs réfléchissent aux actions de terrain comme facteur intégrateur effectif.

2001, c’est aussi l’anniversaire de la liberté de la presse. Pour célébrer ce double anniversaire, liberté de la presse-liberté d’association, Hommes et Migrations consacre une série d’articles aux médias associatifs.
Dans cinq chroniques "Médias", Mogniss H. Abdallah présente un panorama de la presse écrite, de la radio, de la télévision et d’internet et de leur usage par les associations. Ces médias associatifs, des fanzines à Beur TV, tournent généralement grâce aux bénévoles et subissent les hauts et les bas des faibles moyens à leur disposition. Pourtant, les associations ont su s’adapter aux contraintes techniques et surtout, elles ont été capables de s’emparer des nouvelles technologies sans se soumettre aux pressions commerciales.
Les chroniques passent en revue le paysage médiatique associatif, de la presse écrite aux radios libres en passant par la télévision associative et enfin internet, jeune média, qui acquiert un rôle important pour les mouvements de sans-papiers.
En guise de conclusion, Mogniss H. Abdallah analyse le traitement du centenaire de la liberté d’association par la presse nationale. Si les journaux nationaux se sont enthousiasmés de la vigueur des associations françaises, ils accordent une place réduite aux associations issues de l’immigration et en oublient presque le vingtième anniversaire de l’abrogation du décret-loi de 1939.

Clotilde Barral

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Hommes et Migrations, n°1229, janvier-février 2001
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A l’occasion du jubilé de la revue Hommes & Migrations, le Musée national de l’histoire de l’immigration présente les archives de la revue à travers 15 dates marquantes de cette histoire (accéder à la chronologie).