Exposer l’immigration en région
La création d’institutions patrimoniales et d’exposition en lien avec l’histoire migratoire en région se développe en France en empruntant des formes variées, de celle dédiée à des communautés d’origines migratoires à l’écomusée centré sur le patrimoine artistique et culturel d’un territoire. Fondés sur la collecte et la conversation d’objets auprès de migrants ou de leurs descendants, ces musées incarnent la diversité du peuplement français, aux origines migratoires multiples selon les tumultes de l’histoire.
Olivier Cogne, « Exposer le fait migratoire : l’expérience du Musée dauphinois », in Hommes & Migrations, n° 1322, « Exposer les migrations », 2018, pp. 83-89.
Lieu de connaissance de l’histoire alpine, le Musée dauphinois est également un espace de réflexion sur le vivre ensemble et s’inscrit dans une relation de proximité avec les habitants de son territoire. Fidèle à la démarche participative qui est l’un des piliers de son travail muséographique, le musée collecte et rassemble des objets et des témoignages qui confèrent à chacune de ses expositions la forme d’une mémoire collective partagée. Depuis les années 1980, le Musée dauphinois a fait place, entre autres, aux Grecs, aux Italiens, aux Arméniens, aux Maghrébins ou aux rapatriés d’Algérie pour refléter la diversité culturelle des populations du département.
Anne Morillon, « Migrations au musée de Bretagne : un regard sociologique », in Hommes & Migrations, n° 1322, « Exposer les migrations », 2018, pp. 91-99.
Présentée en 2013 au musée de Bretagne à Rennes, l’exposition Migrations était le fruit d’une collaboration inédite entre une institution patrimoniale et Topik, un collectif de sociologues, sur le thème des immigrations étrangères en Bretagne. En donnant à voir les liens entre l’histoire de ce territoire abordé sous l’angle de l’émigration et la diversité des origines migratoires de sa population actuelle, cette exposition visait à élargir l’audience du musée. Pour remplir cet objectif, la réflexion commune des professionnels du musée, des chercheurs et des acteurs associatifs locaux a conduit à la création d’un nouveau procédé de médiation à destination des publics du champ social.
Mikaël Petitjean, « L’écomusée de Fresnes : retour sur un engagement précoce Entretien avec Juliette Spire, attachée de conservation à l’écomusée du Val-de-Bièvre », in Hommes & Migrations, n° 1322, « Exposer les migrations », 2018, pp. 35-40.
Depuis sa création en 1978, l’écomusée du Val-De-Bièvre, situé à Fresnes dans la banlieue sud de Paris, s’est fixé pour objectif d’être le reflet d’une société urbaine contemporaine, de réfléchir avec la population à son propre devenir, mais aussi de rendre compte de la mémoire collective. Prenant acte de l’évolution de son territoire vers une fonction de banlieue urbaine, il s’intéresse, dès les années 1990, à la population immigrée. Devenu un centre de ressources, un lieu de collecte d’informations et de conversation d’objets, l’écomusée contribue au développement territorial par les démarches patrimoniales participatives qu’il met en œuvre.
Ilsen About, « Un musée imaginaire des mondes romani et voyageurs en France », in Hommes & Migrations, n° 1334, « Exposer le racisme et l’antisémitisme », 2021, pp. 91-101
Aucun musée n’aborde l’histoire des Roms et des Voyageurs en France dans le temps long et la diversité de leur présence. Aussi, l’ancienneté des mondes romani et voyageurs et leur présence multiple restent peu connues et ne sont que très rarement montrées, plusieurs propositions muséales dans ce sens étant restées sans lendemain, ou presque. Imaginer un musée consacré à l’histoire de ces populations engage le croisement de multiples sources et d’œuvres artistiques qui témoignent des circulations et des ancrages comme des stéréotypes qui sont restés accolés durablement à ces populations.