4Face à l’État
Troisième partie
À la fin du XIXe siècle, la France instaure le fichage et le contrôle des Tsiganes vus comme une menace pour la société. Un soupçon pèse aussi sur leur nationalité considérée comme étrangère surtout aux frontières où l’expulsion devient la règle.
La loi du 16 juillet 1912 vise à encadrer ces populations réputées instables. Elle crée trois catégories administratives : marchands ambulants, forains et nomades, terme qui fait référence à l’errance et au vagabondage. Les Nomades doivent porter un carnet anthropométrique qui comporte un signalement des individus. L’enregistrement est familial, imposé même aux enfants. Il se transmet de génération en génération. La pression administrative les contraint à se déplacer constamment : les communes les obligent bien souvent au départ après 24h de stationnement. Le régime du carnet démultiplie les photographies judiciaires associées à l’identité de tous les Nomades : l’image des Tsiganes ainsi contrôlés par la loi et l’autorité se répand durablement dans la société.
Encartement
Le fichage photographique des Tsiganes se généralise après la création des Brigades mobiles en 1907. Des séances collectives de prises de vue sont organisées par les policiers qui mettent en pratique les nouvelles techniques de l’identification.
La loi de 1912 oblige tous les nomades à se munir d’un carnet anthropométrique, une notice signalétique accompagne chaque demande. Le carnet est visé à l’arrivée et au départ de chaque commune et l’absence d’un seul tampon peut entraîner des poursuites. Ces carnets, individuels ou collectifs, imposés aussi aux enfants, comportent des photographies et des signalements.
Malgré leur caractère infamant, ces titres d’identité deviennent aussi des objets du quotidien, personnalisés au fil du temps par des couvertures colorées ou des écrits glissés entre les pages.