Parcours

9Portraits

Huitième partie

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Photo J Leonard - slide

D’autres regards vont s’attacher aux multiples trajectoires familiales et aux destins personnels. Loin des clichés et des stéréotypes réducteurs, les images reflètent une rencontre entre un photographe et son sujet.  Elles laissent percevoir une autre histoire. Des sujets surgissent, saisis dans leur vie quotidienne, sur différents territoires. Les visages s’imposent au singulier sur les images de leur vie. Emile Savitry, Jan Yoors, Jacques Léonard ou encore Matéo Maximoff sont autant d'exemples de cet autre regard.

Une amitié photographique, Émile Savitry et Django Reinhardt

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Django Reinhardt, photo Emile Savitry
Emile Savitry, Django Reinhardt et son fils Babik à l’âge de huit mois, Paris, 1945, film négatif, 6X6 cm © Courtesy Sophie Malexis

De retour du Pacifique, Émile Savitry (1903-1967) rencontre Django Reinhardt (1910-1953) en 1930 à Toulon. Peintre devenu photographe, proche des surréalistes, il fait découvrir le jazz américain à Django qui joue alors avec son frère dans les cafés.

À Paris, Savitry travaille pour l’agence Rapho à partir de 1933 et devient reporter. Il accompagne Django dans sa carrière : Savitry réalise certaines des photographies les plus célèbres du guitariste en studio ou dans les cabarets, en solo ou avec son orchestre, le Hot Club de France.

Au lendemain de la guerre, Savitry héberge souvent la famille de Django dans son appartement du boulevard Edgar Quinet. Il organise plusieurs séances de pose avec le petit Babik, né en juin 1944, sa femme Naguine, sa mère Negros et la famille de son frère, Joseph.

Le fil des images, Jan Yoors

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Photo Jan Yoors
Jan Yoors, Femmes du kumpania de Pulika, années 30 © Yoors family Partnership Courtesy L. Parker Stephenson Photographs, NYC and Gallery Fifty One Antwerp

En 1934, près d’Anvers, Jan Yoors (1922-1977), alors âgé de 12 ans, assiste à un grand rassemblement de Roms. Ses parents, artistes et libéraux, acceptent de le laisser partir avec une compagnie de Tsiganes. Il partage son existence avec plusieurs familles jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et combat à leur côté dans la résistance. Durant cette période, il se munit d’un appareil et photographie ses nouveaux amis au quotidien.

Après 1945, Jan s’installe à New York, devient artiste et expose ses œuvres de tapisserie. Il rencontre alors des Roms installés aux États-Unis et se lie d’amitié avec eux. Plusieurs retours en Europe l’incitent à renouer les fils de son histoire et il publie deux volumes qui racontent son expérience, des années 1930 à la guerre. Dans les années 1970, il retrouve ses amis tsiganes et photographie les mêmes visages, quarante ans plus tard.

Le voyage d’une vie, Jacques Léonard

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Photo J Leonard
La Uta au quartier de Montjuïc, Barcelone, 1968 © Jacques Léonard, archives famille Jacques Léonard

En 1952, Jacques Léonard (1909-1995), s’installe à Barcelone après être tombé amoureux de Rosario Amaya, une gitane du quartier de Montjuïc. Gitan du côté de son père, un marchand de chevaux, il est accepté par la famille Amaya et s’installe à Barcelone.

Bourlingueur et ancien monteur pour le cinéma, il travaille comme photographe professionnel pour la presse ou des entreprises. Au fil des années, il concentre son regard sur la vie quotidienne du quartier de Montjuïc et en photographie tous les aspects : la vie dans les rues, les mariages, les fêtes, les métiers, la danse et les rituels autour de la mort.

Connu comme Payo Chac, son surnom, il saisit la part intime des Gitans de Barcelone et capte la vie, dans sa grandeur et sa normalité.

Les carnets d’un photographe, Matéo Maximoff

Matéo Maximoff (1917-1999) naît en Espagne d’un père rom russe et d’une mère manouche française.

Chaudronnier, il est aussi écrivain, journaliste, conférencier, conteur, cinéaste, pasteur et photographe. Il acquiert son premier appareil dans les années 1950. Gardien attentif des archives photographiques de sa famille, il s’attache à poursuivre le récit en images de l’histoire familiale.

Mais au-delà du cercle des intimes, sa pratique photographique s’apparente à une véritable démarche ethnographique et documentaire. Il se noue d’amitié avec de nombreux photographes : Robert Doisneau, Willy Ronis, Joseph Koudelka lui rendent visite à Montreuil. Matéo Maximoff reçoit leurs images qu’il ajoute à sa collection, aux côtés des photos de famille et des souvenirs de rencontres avec d’autres groupes tsiganes à travers le monde.