Assimilation, insertion, intégration
Les éléments de langage du Rassemblement national (RN) ont considérablement évolué depuis la création du Front National. Développant à ses débuts un discours ouvertement raciste et xénophobe, le parti a ensuite axé sa rhétorique sur la réification des concepts de culture, d’identité et de communauté nationales. L’idée d’assimilation est mise en avant pour pallier la prétendue menace que la figure de l’étranger ferait peser sur le modèle d’intégration républicain.
Retours d’un refoulé ?
Suzanne Citron, in Hommes & Migrations, n°1129, 1990, pp. 65-68
Pour comprendre les enjeux de « l’affaire des foulards », il n’est pas inutile d’effectuer un retour en arrière et de rappeler quelles représentations du monde ont présidé à la construction de la Nation française. Avant les Juifs ou les Italiens, les paysans du Languedoc et les ouvriers parisiens ont dû renoncer à tout ce qui n’était pas la culture dominante. Pour Suzanne Citron, c’est cette idéologie assimilatrice, née sous l’ancien régime, confortée par la tradition jacobine et récemment « refoulée », qui est à nouveau à l’œuvre aujourd’hui.
Assimilation, insertion, intégration : les mots pour "devenir français"
Françoise Gaspard, in Hommes & Migrations, n°1154, 1992, pp. 14-23
L’histoire et l’analyse des mots « assimilation », « insertion », « intégration » dans le discours politique et administratif des années 1981 à 1991. Une histoire en forme de chassé-croisé : à chaque mot son camp, à chaque moment son mot ; mais aussi des échanges et des emprunts d’un camp à un autre. Avec, au centre de ce débat sémantique et idéologique, la place des étrangers et des immigrés au sein de la société.
Qu’est-ce que l’intégration ?
Abdelmalek Sayad, in Hommes & Migrations, n°1182, 1994, pp. 8-14
Tout ce qui touche à l’intégration relève avant tout de la croyance, même si les discours qui la concernent se parent le plus souvent de vertus scientifiques. La mythologie qui touche au champ social de l’immigration se reflète d’ailleurs dans le vocabulaire, avec l’utilisation des termes « adaptation », « assimilation », « insertion », « intégration », chaque fois chargés de sens, de connotations parasitaires. Cependant l’intégration, dont on suspecte toujours qu’elle n’est pas totale, pas définitive, est un processus inconscient, quasi invisible de socialisation, qui ne peut être uniquement le produit d’un volontarisme politique de la société.
Le mariage mixte, métaphore du génie néo-assimilationniste français
Yvette Rocheron, in Hommes & Migrations, n°1210, 1997, pp. 120-127
Les thèses néo-assimilationnistes, en particulier dans leur version essentialiste, peuvent donner des immigrés autant que des Français des images simplificatrices, voire stéréotypées. Elles peuvent conduire à une classification rigide des familles d’origine immigrée. Bien qu’elle ne rende pas compte de la globalité de la question, une approche non essentialiste, moins normative, est sans doute un reflet plus fidèle de la réalité, et peut permettre un nécessaire renouvellement des symboles de l’immigration.
La stigmatisation de "l’étranger" : un phénomène européen
Nicolas Bancel, Anastassia Tsoukala, in Hommes & Migrations, n°1241, 2003, pp. 53-67
L’histoire coloniale des pays européens alimente l’image négative que se font les nationaux des immigrés. Pour autant, la criminalisation de l’immigration n’est pas moins forte dans les pays sans passé colonial. De façon univoque, cette perception de l’« immigré délinquant » repose, partout en Europe, sur des présupposés affirmés d’autant plus fortement que les données statistiques ne les confirment pas.
L’intégration en France à la lumière de deux rapports récents du Haut Conseil à l’intégration
Catherine Wihtol de Wenden, in Hommes & Migrations, n°1294, 2011, pp. 18-23
On ne peut faire l’économie d’une histoire des politiques d’intégration. Le thème est né dans le contexte du regroupement familial dans les années 1970. Face à l’urgence de l’accueil, les politiques publiques, qui n’avaient pas prévu une installation durable des immigrés, ont été prises de court. Autre décalage dans l’analyse, la défense de la laïcité tend, depuis deux décennies, à masquer les autres valeurs menacées de la République, comme l’égalité, ce dont les immigrés et leurs descendants sont parmi les premières victimes.