La préférence nationale
Le Rassemblement national est parvenu à articuler la racialisation des rapports sociaux en France au ressentiment de la population à l’égard de la situation sociale et économique du pays. En mettant en avant l’idée de préférence nationale, l’extrême droite tente d’institutionnaliser la discrimination sur le marché du travail. Devenu le « premier parti ouvrier de France », le Rassemblement national continue pourtant de dissimuler les options ultra-libérales qui dominent son programme économique.
Connaître l’extrême droite pour la combattre
Madeleine Rebérioux, in Hommes & Migrations, n°1197, 1996, pp. 6-11
La floraison éditoriale qui a suivi la « percée » du Front national aux élections de 1995 traduit un tournant dans la manière d’approcher ce phénomène. Désormais, on veut comprendre et analyser les raisons qui favorisent le développement de l’extrême droite afin de mieux combattre son influence. Deux diagnostics éclairent le succès rencontré par le thème de la « préférence nationale » : d’une part, l’extrême droite exploite le sentiment national délaissé par les formations politiques traditionnelles, d’autre part, elle s’enracine sur le terreau de la crise économique et sociale. Au point que le Front national, devenu le « premier parti ouvrier de France », passe sous silence aujourd’hui ses convictions ultra-libérales et antisociales.
Racisme, racialisation et ethnicisation en France
Michel Wieviorka, in Hommes & Migrations, n°1195, 1996, pp. 27-33
Le racisme naturalise un groupe humain pour lui attribuer des caractéristiques intellectuelles, culturelles ou sociales autorisant l’infériorisation ou le rejet de ses membres. La « racialisation » des rapports sociaux est un processus par lequel une société se représente, de façon plus ou moins décisive, comme constituée de groupes raciaux, de races en concurrence et en opposition. La poussée de l’extrême droite tout au long des années 1980 est l’expression politico-idéologique d’un racisme et d’une xénophobie croissants dans l’Hexagone qui vont à la rencontre d’un autre phénomène : le racisme institutionnel.
Le syndicaliste face à l’espace du racisme
Philippe Bataille, in Hommes & Migrations, n°1211, 1998, pp. 16-27
Le mouvement syndical français défend traditionnellement les droits de tous les travailleurs. Sa référence à la solidarité ouvrière devrait le placer au premier rang des acteurs de la lutte contre le racisme dans les entreprises. Aujourd’hui, pourtant le syndicalisme éprouve des difficultés pour endiguer la montée des pratiques racistes dans le travail dont la discrimination à l’embauche est l’une des manifestations les plus visibles.
L’universalisme français à l’épreuve des discriminations
Sophie Body-Gendrot, in Hommes & Migrations, n°1245, 2003, pp. 19-28
La République française, « une et indivisible », s’est construite sur l’opposition à des classes dominantes, et sur des principes forts d’égalité universelle. Mais, à partir de ces principes, les institutions ont du mal à prendre en compte les différenciations ethniques à l’embauche, et les politiques éprouvent des difficultés à évoquer publiquement cette question. Les preuves même de discriminations restent, quant à elles, difficiles à collecter.