61860-1960, l’immigration italienne en 4 grandes périodes
Quatrième partie
1860-1870 - Une nation de migrants
1861 marque l’unité de la peninsula italienne jusque-là divisée. Au même moment, et dans un apparent paradoxe, une partie de la population quitte la Péninsule. Ils sont 14 millions lors de cette "Grande émigration" qui s’étend jusqu’à la veille du premier conflit mondial. Ils seront environ 26 millions, entre les années 1860 et les années 1960. Difficultés économiques, archaïsme social et tensions politiques sont les causes de cet "Ulysse collectif", un des plus importants mouvements migratoires de l’époque contemporaine.
1880-1910 - Violences et passions
Les "Vêpres marseillaises" (17-20 juin 1881) posent l’immigration italienne comme un problème au sein de la société française. Dans un climat d’exacerbation nationaliste, cette "chasse aux Italiens" se traduit par trois morts et vingt-et-un blessés. Quelques années plus tard, le bilan est plus lourd encore lors des affrontements d’Aigues-Mortes (16 août 1893 - en savoir plus) avec huit morts et plus de cinquante blessés. Ces deux événements sont l’expression spectaculaire de manifestations xénophobes plus quotidiennes. L’immigration italienne est perçue comme une "invasion", défavorable aux travailleurs français et souvent associée à la criminalité ou au terrorisme anarchiste.
1920-1940 - À l’ombre du fascisme
Au début des années 1930, les Italiens n’ont jamais été aussi nombreux en France (plus de 800 000). Si, comme par le passé, leur politisation reste faible, la situation politique de leur pays d’origine et l’engagement militant de quelques-uns rejaillissent sur une majorité absorbée par le travail. Après l’arrivée au pouvoir de Mussolini, en octobre 1922, fascistes et antifascistes tentent de se rallier les sympathies des immigrés et s’opposent parfois violemment. Les autorités et l’opinion françaises n’apprécient guère ces troubles à l’ordre public et les menaces de déstabilisation de l’ordre politique que font peser ces Italiens.
1950-1960 - Dolce vita
L’accord de main-d’œuvre franco-italien de 1947 ouvre la dernière phase du flux migratoire transalpin qui se tarit au début des années 1960. Le succès du film de Federico Fellini entre en résonance avec les représentations d’une italianité aux allures de "Dolce Vita". Dans l’Hexagone, les Italiens ne font plus figure de menace.
À l’heure où le tourisme inverse le courant migratoire transalpin, l’Italie apparaît comme un théâtre de divertissement animé par ces "cousins latins" si exubérants, insouciants et indisciplinés, mais si attachants, à l’élégance sensuelle et au grands talents artistiques et gastronomiques.
En savoir plus : Les italiens en France : jalons d’une migration, dossier thématique de Stéphane Mourlane (commissaire de l'exposition)