Depuis plus de vingt ans, Bruno Boudjelal, né en France de père algérien, arpente l’autre rive de la méditerranée à la recherche de ses racines familiales et d’une part de lui-même. Dans ce balancier des allers-retours entre la France et l’Algérie, le photographe donne naissance à divers projets : Jours Intranquilles, 1993-2004 et Algérie, clos comme on ferme un livre ? 2009-2013. Elargissant ses recherches, Bruno Boudjelal réalise en 2011 Harraga
L’installation vidéo Harragas (le terme harragas signifie "ceux qui brûlent" en arabe nord-africain) est composée de films de téléphones portables provenant de migrants clandestins. La vidéo est composée de 9 films distincts récupérés par Bruno Boudjelal grâce à un ami travaillant dans une association pour la jeunesse en Algérie. C'est une œuvre sur ces hommes qui quittent les rives du Maghreb, "brûlent" de façon métaphorique la route ou la mer, brûlent en tous les cas leurs papiers lors d’une traversée périlleuse sur des barques de fortune pour tenter de rejoindre l’Europe.
Le téléphone portable joue un rôle primordial dans leur expédition. Il acquiert la double fonction de boussole et d’outil documentaire. Les portables permettent d’abord aux "Harragas" de se diriger au cours de leur trajet et de connaître, une fois la couverture réseau affichée, leur position par rapport aux côtes espagnoles ou italiennes.
Mais le téléphone sert également à documenter les conditions du périple. Nouveau médium contemporain, il devient objet de connaissance. Le portable fixe des fragments d’existences, des traces du voyage que les migrants pourront envoyer à ceux restés au pays.
Isabelle Renard
Cette œuvre est liée à une autre œuvre de Bruno Boudelal dont elle fait le pendant : Les paysages du départ (en savoir plus)
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Vidéo de 5 minutes et 6 secondes
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