1981 : « Changer la vie »

Hommes et Migrations, n°1002, 15 décembre 1980, n°1017, 15 septembre 1981, n°1019, 15 octobre 1981, n°1022, 1er décembre 1981

Le début des années 1980 annonce le temps du changement pour les étrangers en France. François Mitterrand, président socialiste, est élu à la tête de la République française et, dès les premiers mois de son mandat, son gouvernement met en place des mesures favorables à l’immigration annoncées dans son programme. Celles-ci concernent entre autres les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France, le rétablissement du droit d’association pour les étrangers et les politiques d’éducation prioritaire visant à améliorer l’égalité des chances dans les écoles françaises.

Dans les années 1980, face à la récession économique qui s’installe, les partis politiques et les médias s’emparent des problèmes liés à l’immigration : l’intégration, le racisme, le travail deviennent les questions décisives des deux décennies à venir.

Le changement de majorité est une vague d’espoir pour les populations immigrées qui depuis sept ans font face à une politique migratoire très restrictive. En 1980, le parti socialiste a fait campagne en faveur de l’immigration. Il a publié une brochure, Les socialistes et l’immigration, dont des extraits ont été reproduit dans le n°1002 de Hommes et Migrations. Ce programme reprend en partie les "vingt-cinq mesures" adoptées au Conseil des ministres du 9 octobre 1974 sous Giscard d’Estaing et qui n’avaient jamais été mises en place pendant son mandat.

Parmi ces promesses de campagne, trois sont à l’ordre du jour dès les premiers mois du mandat de François Mitterrand : réforme des conditions d’entrée et de séjour en France, rétablissement du droit d’association pour les étrangers et réforme des conditions d’emploi des travailleurs étrangers. De septembre à décembre 1981, Hommes et Migrations consacre plusieurs éditos à cette politique migratoire - "Le Changement", "Premiers pas législatifs vers une nouvelle politique de l’immigration" et "La part des immigrés dans le budget de l’État" - reflétant l’effervescence générale et l’intérêt médiatique autour du renouveau qui s’annonce. "C’est la rentrée, la rentrée du changement qui, pour les immigrés n’est pas un vain mot".

Pour Hommes et Migrations ce tournant marque un "coup d’arrêt aux expulsions" et une "volonté du nouveau pouvoir d’aller à contre-pied du précédent". C’est aussi l’occasion de suivre de près les mesures du nouveau gouvernement et d’exposer les futures lois approuvées par le Conseil des ministres, qui forme une "nouvelle armature juridique pour la nouvelle politique de l’immigration". Pour l’État, l’immigré n’est plus seulement une main d’œuvre provisoire utile à la croissance économique de la France. La suppression de la politique de retour "volontaire" instaurée par Lionel Stoléru en 1977 montre bien cette volonté d’instaurer une dynamique d’intégration des étrangers dans la société française.

Certaines interrogations demeurent dans les textes publiés par la revue. C’est le cas notamment en ce qui concerne le budget qui sera alloué à la mise en place de ces mesures, prouvant que Hommes et Migrations reste attentive à la mise en application de ces réformes. De plus, si ces nouvelles mesures jouent en faveur des immigrés en situation régulière, elles sont très fermes en ce qui concerne l’immigration illégale. Après une vague de régularisation massive de 130 000 étrangers en 1981, les contrôles et les reconduites aux frontières sont renforcés.

Clotilde Barral

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Hommes et Migrations, n°1002, 15 décembre 1980
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Hommes et Migrations, n°1017, 15 septembre 1981
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Hommes et Migrations, n°1019, 15 octobre 1981
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Hommes et Migrations, n°1022, 1er décembre 1981
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A l’occasion du jubilé de la revue Hommes & Migrations, le Musée national de l’histoire de l’immigration présente les archives de la revue à travers 15 dates marquantes de cette histoire (accéder à la chronologie).