2005 : Crise des banlieues

Hommes et Migrations, n°1258, novembre-décembre 2005, n°1259, janvier-février 2006

En octobre 2005, à la suite de la mort de deux jeunes à Clichy-sous-Bois, les banlieues s’enflamment. Ces émeutes, qui ont eu une résonnance internationale, font écho à des événements similaires depuis les années 1980. Pour une part de la population, le raccourci délinquance des banlieues, jeunes d’origine étrangère semble évident. Afin de comprendre réellement où se situe la fracture, Hommes et Migrations enquête directement sur le terrain auprès des associations agissant en banlieue.

Depuis les années 1980, les banlieues sont l’image de l’échec des politiques urbaines. Vaulx-en-Velin, les Minguettes, la Courneuve, la Grande Borne, deviennent les lieux symboliques de la fracture profonde entre les banlieues et les valeurs de la République. Les jeunes d’origine étrangère sont mis à l’index par une partie de l’opinion en raison de leurs difficultés d’intégration.

L’automne de l’année 2005 est marqué par la mort de deux jeunes habitants de Clichy-sous-Bois, Bouna Traoré, 15 ans, Zyed Benna, 17 ans, sous le regard de la police qui n’intervient pas. Alors qu’aucune poursuite n’est menée contre les gardiens de la paix témoins de la mort des deux jeunes, des actes de vandalisme sont perpétrés à Clichy d’abord, et dans toutes les banlieues de France ensuite, contre les forces de l’ordre. Le gouvernement déclare l’état d’urgence et pendant trois semaines, les médias et les Français vivent au rythme des incendies et des actes de violences.

Les jeunes des cités font parler d’eux, mais les raisons fondamentales de leur colère reste impénétrable : chômage, logement, mal d’avenir, conditions sociales... ? Afin de saisir leur malaise, dès le mois de novembre (Chahla Chafiq-Beski, Fatima Lalem-Hachilif, Réhabiliter l’humain pour sortir des violences), Hommes et Migrations va à la rencontre des associations et des familles de banlieues qui vivent et agissent dans l’espoir de s’en sortir mais dont les actions ont peine à être reconnues. Ces actions menées avec difficulté, se substituent à celles de l’État, qui, sous ses airs de toute puissance, est incapable d’assumer le désordre des banlieues.

Au mois de janvier 2006, il est temps de réfléchir aux causes de ces émeutes et aux solutions à envisager pour améliorer les conditions de vies de ces jeunes. Le gouvernement adopte en ce sens un projet de loi pour l’égalité des chances souhaitant favoriser l’insertion salariale des jeunes de milieux défavorisés (Sabrina Kassa, La guerre civile dans les têtes).

Fidèle à ses convictions, Hommes et Migrations interroge des professionnels (une anthropologue, un psychothérapeute et une directrice d’un centre social de banlieue parisienne) sur la situation des banlieues où "tous les problèmes de la société ordinaire sont décuplés" et pour qui l’enjeu est de réinstaurer une "paix sociale" et de se concentrer sur le malaise qui règne dans les banlieues, de le comprendre et, dans la mesure du possible, de le résoudre.

Clotilde Barral

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Hommes et Migrations, n°1258, novembre-décembre 2005
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Hommes et Migrations, n°1259, janvier-février 2006
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A l’occasion du jubilé de la revue Hommes & Migrations, le Musée national de l’histoire de l’immigration présente les archives de la revue à travers 15 dates marquantes de cette histoire (accéder à la chronologie).