2007 : Création de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration
Hommes et Migrations, n°1247, janvier-février 2004, n°1267, mai-juin 2007
Dès les années 1990, historiens et responsables associatifs prennent conscience de l’importance de la mise en valeur de la mémoire et de l’histoire de l’immigration pour lutter contre les phénomènes xénophobes et pour travailler à l’intégration des populations étrangères. En 2001, Driss El Yazami, délégué général de l’association Génériques et Rémy Schwartz, conseiller d’État, soumettent au Premier ministre Lionel Jospin un Rapport pour la création d’un Centre national de l’histoire et des cultures de l’immigration. Ce rapport pose les fondements de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration ouverte aux publics en octobre 2007.
En 2002, après que Jean-Marie Le Pen, chef du Front national, ait accédé au second tour des élections présidentielles, le nouveau gouvernement de droite reprend le travail des associations et des historiens dans le but d’encourager la création d’un lieu mettant en valeur les parcours des populations immigrés en France. En 2003, une "Mission de préfiguration d’un Centre de ressource et de mémoire de l’immigration" est confiée à Jacques Toubon qui va œuvrer, avec les réseaux de chercheurs et d’associations, à l’ouverture du premier musée français traitant exclusivement de l’immigration. La revue suit de près les débats qui entourent la conception du futur Musée national de l’histoire de l’immigration et le chantier nécessaire à son ouverture au public.
Philippe Dewitte, rédacteur en chef de la revue et membre du conseil scientifique de la "Mission Toubon" rapporte dans le numéro n°1247, ("Vers un lieu de mémoire de l’immigration"), les débats sur la création du "Centre de ressources". Dès le départ, les discussions tournent autour d’un espace rapprochant "le regard «de l’intérieur» et celui des historiens, nécessairement plus distancié et à prétention «scientifique»". Chacun devant "s’enrichir l’un et l’autre" (Philippe Dewitte, Un Centre d’histoire de l’immigration. Pourquoi et comment ?).
Trois ans plus tard, quelques mois avant l’ouverture du musée, un nouveau numéro, le n°1267, donnait la parole aux équipes ayant participé à la constitution du musée. Parmi eux, Hélène Lafont-Couturier, directrice du service muséographie, écrit que leur intention est "d’expliquer ce que la France doit à l’immigration et de donner à des millions d’habitants de ce pays la possibilité de situer leur histoire propre dans un ensemble bien plus vaste qu’elle y apparaisse ou s’y dissolve" (Hélène Laffont-Couturier, Les coulisses d’une collection en formation). Le numéro valorise également les particularités de ce musée : sa création ex-nihilo sans collection préalable, des collections de différentes natures : objets, archives, photographies et œuvres d’art qui ont été récoltés pour être le miroir de l’immigration. Enfin le numéro s’arrête sur un élément inédit dans un musée d’histoire : la "Galerie des dons" dont l’intérêt est de mettre en exergue l’aspect anthropologique des récits de vie de la migration autour d’objets singuliers.
Clotilde Barral
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A l’occasion du jubilé de la revue Hommes & Migrations, le Musée national de l’histoire de l’immigration présente les archives de la revue à travers 15 dates marquantes de cette histoire (accéder à la chronologie).