L’histoire de l’immigration portugaise

De la Première Guerre mondiale à la fin des années 1980, la revue Hommes & Migrations retrace l’histoire des différentes vagues migratoires de Portugais en France, dont la principale a lieu au milieu des années 1960. 

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Voyageur portugais à l’arrivée du train Hendaye-Paris en gare d’Austerlitz , Paris 1966 © Gérald Bloncourt / Musée national de l'histoire et des cultures de l'immigration, CNHI
Voyageur portugais à l’arrivée du train Hendaye-Paris en gare d’Austerlitz , Paris 1966
© Gérald Bloncourt / Musée national de l'histoire et de l'immigration

Migrants économiques, étudiants, réfugiés politiques, insoumis au service militaire voire réfractaires ou déserteurs des guerres coloniales en Afrique lusophone, ils fuient la dictature de Salazar et un monde rural marqué par la pauvreté. En 1965, la France négocie avec l’Espagne pour qu’elle accorde des sauf-conduits pour les Portugais migrants lors de leur passage aux frontières et assure une régularisation systématique des arrivées. Les passages se font désormais en train et permettent à des familles de migrer vers la France. La chute de Salazar en 1968 transforme l’émigration qui n’est plus considérée comme un crime mais comme un simple délit. Les flux migratoires se développent au rythme de 200 000 personnes par an jusqu’à la fin des années 1970. Les migrants trouvent aisément du travail en France, mais rencontrent des conditions de vie difficiles, auxquelles répond leur forte cohésion communautaire et leur désir enraciné de revenir dans leur pays d’origine. Au fil des décennies et des générations, le mythe du retour au Portugal finit par s’estomper mais pas l’essor de la culture portugaise en France, c’est même tout le contraire.  

Soldats et travailleurs portugais en France (1916-1918)

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Marie-Christine Volovitch-Tavares, Hommes & Migrations, n°1316, 2017

L’immigration portugaise en France s’est amorcée durant la Première Guerre mondiale. Jusque-là, les Portugais émigraient massivement vers le Brésil, mais allaient très rarement en Europe, à l’exception de l’Espagne voisine. La guerre exigeait une forte activité économique et la France, faisait déjà appel, avant 1914, à de nombreux travailleurs étrangers (Belges, Italiens, Espagnols). C’est dans ce contexte qu’est signé le premier accord de main d’œuvre entre la France et le Portugal en 1916, pour la durée de la guerre. Il faudra attendre décembre 1963 pour qu’un nouvel accord soit signé. 

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L’immigration portugaise

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Couverture H&M numero 105

Dossier, Hommes & Migrations, n° 105, 1965

La revue consacre un premier numéro à l’immigration portugaise en France en 1965. La période est marquée par un assouplissement des conditions de départ du Portugal et du passage en Espagne et par une régularisation systématique des migrants par l’État français. Les arrivées augmentent de manière exponentielle (400 par jour à Hendaye) et répondent à un grand besoin en main-d’œuvre, notamment dans le secteur du bâtiment dans certaines industries. 

Les jeunes aux profils divers sont nombreux à franchir illégalement les frontières, « a salto » (en sautant par-dessus). Cette migration de travail rencontre des problèmes de logement et d’adaptation, fait l’expérience d’un passage par les bidonvilles et d’un manque de soutien dans l’apprentissage de la langue française.

Ce numéro cherche à comprendre les conséquences de cette croissance migratoire inédite de l’immigration portugaise à partir de 1965. Il contient notamment une enquête sur l’immigration portugaise dans la région parisienne entreprise par la Préfecture de la Seine auprès de 1130 ouvriers portugais, en vue d’instaurer un débat « pour des hommes dont la France a un besoin certain, mais qui n’ont pas reçu d’elle, jusqu’à ce jour, toute l’attention humaine qu’ils étaient en droit d’espérer ». De cette enquête riche en témoignages, deux articles (que vous pouvez télécharger ci-dessous) nous éclairent sur les désillusions des Portugais en France sur leurs conditions de vie, et leur attachement à leur pays d’origine. 

Gérald Bloncourt, Les Portugais

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Marie Poinsot et Anne Volery, Hommes & Migrations, n° 1302, 2013 

Né en Haïti, contraint à l’exil, Gérald Bloncourt arrive en France en 1946. Il y débute sa carrière de photojournaliste en 1950, à L’Humanité. Apres un passage à L’Avant-garde puis à La Vie ouvrière, il devient reporter indépendant à partir des années 1960. Très vite, il s’intéresse au monde du travail. Sur les chantiers, il croise les travailleurs immigrés et notamment les Portugais. Il revient dans cet entretien sur ses photos prises entre la France et le Portugal de 1954 à 1974. Il photographie les Portugais au travail, et donne aussi à voir différentes facettes de leur vie de migrants : les conditions de logement, celles du voyage, le pays qu’ils ont quitté… Ces photos ont été présentées au Musée national de l’histoire de l’immigration dans le cadre de l’exposition Pour une vie meilleure en 2013. 

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Les luttes des insoumis, réfractaires et déserteurs portugais en France

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Victor Pereira, Hommes & Migrations, n° 1330, 2020 

Victor Pereira raconte l’histoire des jeunes insoumis, réfractaires et déserteurs portugais qui se sont réfugiés illégalement en France au début des années 1970, pour échapper au service militaire et à l’enrôlement dans les guerres coloniales du Portugal en Afrique. La politique migratoire de l’Hexagone est restée ambiguë à leur égard : si les migrations de travail entre le Portugal et la France étaient régulées par des accords de main-d’œuvre, ces jeunes de moins de 21 ans ne bénéficiaient ni du statut de réfugié politique, ni de la condition des travailleurs immigrés. 

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Le paradoxe de l’immigration portugaise

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Couverture H&M numero 1123

Albano Cordeiro, Hommes & Migrations, n° 1123, 1989 

En l’espace d’une quinzaine d’années, cette population est passée de 50 000 à plus de 800 000 personnes, installées dans toute la France. Certaines fausses images comme celle d’une immigration bien intégrée, qui ne fait pas parler d’elle, voire qui est sans histoire, pèsent sur la communauté portugaise. Les ressorts de l’intégration des Portugais en France doivent être préciser. La création des associations portugaises, depuis le milieu des années 1970, exprime une forte cohésion identitaire, mais l’angle mort d’un racisme anti-portugais dont les traces ne manquent pas dès les années 1960. L’attachement à la culture portugaise stimule un va-et-vient entre les deux espaces, la France et le Portugal, entre lesquels les émigrés/immigrés appréhendent leur devenir. Si la transmission du patrimoine culturel a bénéficié du développement des cours de langue portugaise, rien ne garantit que les jeunes d’origine portugaise nés en France continueront de vivre leur identité entre les deux pays.  

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