1Mosaïque, l'émission culte
Mosaïque fut une émission pionnière des cultures immigrées. Regardée en famille, elle pouvait compter sur 6 millions de téléspectateurs tous les dimanches matin sur France 3 pendant 1h30 de 1977 à 1987.
Pensée comme une émission sur et pour les immigrés, s'efforçant de procurer aux immigrés une meilleure connaissance de leurs droits, Mosaïque devient au fil des années une porte ouverte sur les cultures de l’immigration. L’émission invitait des artistes, musiciens, écrivains, cinéastes, chercheurs et hommes politiques à débattre sur le plateau, proposant des reportages de société sur les luttes ouvrières, l’école, le logement, la place des femmes, la vie en régions, les violences policières, ou encore la place et les revendications de la « seconde génération ». On retient notamment l’émission d’1h30 consacrée intégralement à la Marche pour l’égalité et contre le racisme diffusé le 11 décembre 1983. Mosaïque voulait, selon les mots de son fondateur Tewfik Farès, "offrir un espace d’expression".
« Avant l'arrivée des paraboles, nos parents n'avaient que cette émission et elle permettait à la fois d'ouvrir aux autres cultures que la sienne. Beaucoup d'émotions en revoyant ces images ».
Tewfik Farès.
Le fondateur et réalisateur : Tewfik Farès
Tewfik Farès est réalisateur : pionnier des Actualités algériennes mais aussi réalisateur du 1er film en couleur produit en Algérie, Les hors-la-loi (1969).
En 1976, après s’être installé en France et encouragé par son ami Abdelmalek Sayad, il réussit à convaincre Paul Dijoud, le tout nouveau secrétaire d’État à l’immigration de créer une émission pour répondre aux besoins de reconnaissance et d'existence d'une population vouée jusqu'alors au silence. Le succès est immédiat.
Il produit quelque 800 heures de programmes et en réalise plus de la moitié.
Un programme en 8 langues
Dans la première formule, Jean-Michel Dhermay présente l'émission entouré d'une équipe d'animateurs/chroniqueurs qui interviennent dans leur langue d'origine : en arabe pour Djelloul Beghoura, en serbo-croate pour Mirjana Robin, en turc pour Kerem Topuz, en portugais pour Jorge Verissimo et Luisa Lemos Viana, en espagnol pour Miguel Pons. Guy Menga représente quant à lui les différentes communautés africaines. Autre membre de l’équipe, Mouloud Mimoun qui anime la rubrique culturelle et cinématographique et fait parie de l’équipe rapprochée de Tewfik Farès.
C’est la première émission ou des présentateurs s’adressent aux téléspectateurs en 8 langues étrangères. L’ICEI (Information culture et immigration) producteur, devient l’Adri (Agence pour le développement des relations interculturelles) qui elle-même sera à la préfiguration de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration aujourd’hui Musée national de l’histoire de l’immigration.
Mosaïque et la musique
La part musicale de l’émission a été tout de suite importante, elle permettait aux artistes de la première génération de se produire et de se faire connaître, puis elle a permis l’irruption de nouvelles formes musicales, issues d’une nouvelle génération d’artistes, apparaissant dans les années 1980 incarnée par l’inclassable Rachid Taha.
Sont passés par Mosaïque, de grands noms de la chanson dont se fut pour certains le tout premier passage en télévision : Slimane Azem, Warda, Idir, Enrico Macias, Salif keita, Manu Dibango, Linda de Suza, Paco ibanes, Teresa Rebull, Francis Bebey, José Alphonso, Michel Jonaz Miriam Makeba, Carte de séjour, Youssou N’dour, Cheb Mami, Pierre Perret, Dalida, Aznavour, Toure Kunda ou encore des figures médiatiques telles que Coluche, Jacques Dutronc, Guy Bedos, Isabelle Adjani, Smaïn, Pascal Legitimus, Boujenah, Assia Djebar, Kechiche, Sarah Maldoror, Mehdi Charef...