Parcours

5Un monde au féminin

« Monna Lisa est pour moi un modèle, ce n’est pas une peinture, mais une femme qui a posé pour Léonard et qui pose maintenant pour moi. D’où ce traitement spécial. Au début, j’ai essayé de la peindre avec ma méthode traditionnelle faite de grands coups de pinceau, de couches multiples, de superpositions et de coulures, puis je me suis dit qu’elle était trop belle, que je ne pouvais pas la maltraiter. Elle est le centre vers lequel convergent tous les autres tableaux, elle irradie tout. »

Yan Pei-Ming

« Je parle encore ma langue maternelle de l’époque à laquelle je suis partie. Elle a changé, et moi je suis restée. L’art me permet de franchir ces limites dans l’espace et le temps. »

Shen Yuan

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Yan Pei-Ming, Monna Lisa, le dernier sourire bleu et blanc
Yan Pei-Ming, Monna Lisa, le dernier sourire bleu et blanc, 2023. Photographie : Clérin-Morin
© Yan Pei-Ming, ADAGP, Paris, 2023.

Le rôle de la femme et du féminin est un sujet crucial, souvent négligé dans nos sociétés qui reposent encore sur des structures de pouvoir centrées sur l’homme et la masculinité. Cette réalité est particulièrement problématique en ce qui concerne le sort des femmes immigrées. Pour elles, se joue une double exclusion qui, de fait, impose l’inégalité dans le travail, la communication et la vie publique en général. C’est en partant de là que s’est éveillé un sentiment de résistance, notamment chez les artistes concernées par cette condition. Shen Yuan et An Xiaotong, comme leurs « consoeurs » de la scène internationale, y répondent en revendiquant l’égalité et la justice.

Tirant profit de leurs références et de leurs expériences à la fois personnelles et culturelles, elles ouvrent un espace nouveau pour exprimer la richesse et la dignité de leur existence, et surtout, leur caractère indispensable dans tous les domaines de la vie sociale. Cette démarche leur permet non seulement de transformer la singularité de leur identité en langages novateurs et originaux, mais également de changer et d’améliorer leur propre statut.

L’exposition s’attache également à la figure féminine en tant que modèle. Yan Pei-Ming, dans un face-à-face symbolique entre deux portraits, rend un hommage saisissant à celles qui l’ont marqué. Sa mère, image du foyer d’origine, et la Joconde, icône de la peinture occidentale, dialoguent ici à échelle monumentale.