Un héritage d’actualité
À chaque commémoration décennale de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, les aspirations exprimées par l’association SOS Avenir Minguettes et les associations de « jeunes issus de l’immigration » paraissent toujours d’actualité. Devant le constat amer de la vitalité du racisme dans notre pays, il s’agit de mesurer le chemin parcouru.
La Marche pour l’égalité, une mémoire à restaurer
Mogniss H. Abdallah, in Hommes & Migrations, n° 1247, 2004, pp. 99-104
L’anniversaire des vingt ans de la Marche pour l’égalité et contre le racisme s’inscrit dans une actualité médiatique dominée par le débat sur le foulard « islamique », l’affaire « Tariq Ramadan », la laïcité et des questionnements autour du modèle d’intégration « à la française ». Les médias semblent avoir des difficultés à évaluer l’importance à accorder à cet événement et à déterminer sur quel mode le traiter.
La Marche pour l’égalité et contre le racisme, un événement historique ou un coup médiatique ?
Mogniss H. Abdallah, in Hommes & Migrations, n° 1304, 2013, pp. 162-166
Trente ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, son souvenir semble s’éroder chez les jeunes générations. Selon un sondage, 90 % des 18/24 ans n’en ont jamais entendu parler. La séquence commémorative, qui mobilise les témoignages des anciens marcheurs, tend à recouvrir, par un surinvestissement du discours mémoriel, la réflexion critique sur les dynamiques complexes de la Marche et leur mise en perspective dans une société marquée par des discriminations raciales et sociales aux formes renouvelées.
Chronique Kiosque : Une Marche entre rêve et cauchemar
Mustapha Harzoune, in Hommes & Migrations, n° 1304, 2013, pp. 175-179
L’anniversaire des trente ans de la Marche pour l’égalité et contre le racisme est marqué par une « avalanche commémorative » qui interroge la pérennité des combats des militants pour les quartiers populaires. Lutte contre le racisme et les discriminations, contre les violences policières, pour le droit à l’égalité... les mots d’ordre de ce rassemblement citoyen et unitaire qu’était la Marche, demeurent actuels. Ils permettent de questionner les nouvelles formes prises par la haine de l’autre au milieu des années 2010, à savoir le racisme antimusulman.
Les mémoires de la Marche pour l’égalité et contre le racisme dans les archives du Web
Sophie Gebeil, in Hommes & Migrations, n° 1313, 2016, pp. 115-122
Sur Internet, la mémoire de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 est loin d’être univoque. Trente ans après cet événement à la fois clé et quelque peu oublié de l’histoire sociale et politique française, les acteurs de la Marche continuent de porter le flambeau. Cette mémoire plurielle à l’échelle nationale et locale sert de référence à nombre d’engagements militants contemporains. De repoussoir également, pour ceux qui dénoncent la récupération politique dont la Marche a fait l’objet.
Les héritiers de la Marche peuvent-ils s’exprimer ?
Ahmed Boubeker, in Hommes & Migrations, n° 1304, 2013, pp. 156-161
Une génération après la Marche pour l’égalité et contre le racisme qui symbolise l’irruption des Beurs dans l’espace public, la question de Gayatri Chakravorty Spivak, portée par le courant des études postcoloniales, reste d’actualité en France : « Les subalternes peuvent-ils s’exprimer ? » La Marche s’inscrit dans la longue histoire de la lutte des habitants des quartiers populaires pour la reconnaissance de leur dignité et de leurs droits. En articulant l’exigence d’égalité à la lutte contre les discriminations ethniques, la Marche a formulé un enjeu politique dont l’héritage demeure impensé pour une France qui promeut sa diversité.