La sélection 2024 du Prix littéraire de la Porte Dorée
Créé en 2010, le Prix littéraire de la Porte Dorée récompense une œuvre de fiction écrite en français ayant pour thème l’exil, l’immigration, les identités plurielles ou l’altérité liée aux réalités migratoires. Retrouvez ici la présentation de la sélection de cette 15e édition du Prix.
La mémoire délavée de Nathacha Appanah, Mercure de France (2023)
Ce poignant récit s'ouvre sur un vol d'étourneaux dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d'aïeux, partis d'un village d'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice. C'est alors le début d'une grande traversée de la mémoire, qui fait apparaître autant l'histoire collective des engagés indiens que l'histoire intime de la famille de Nathacha Appanah.
Les silences des pères de Rachid Benzine, Seuil (2023)
Un fils apprend au téléphone le décès de son père. Ils s'étaient éloignés : un malentendu, des drames puis des non-dits, et la distance désormais infranchissable. Maintenant que l'absence a remplacé le silence, le fils revient à Trappes, le quartier de son enfance, pour veiller avec ses sœurs la dépouille du défunt et trier ses affaires. Tandis qu'il débarrasse l'appartement, il découvre une enveloppe épaisse contenant quantité de cassettes audio, chacune datée et portant un nom de lieu.
Les mangeurs de nuit de Marie Charrel, Editions de l'Observatoire (2023)
Hannah est une Nisei, une fille d'immigrés japonais. Si son père l'a bercée de contes nippons, elle se sent avant tout canadienne ; alors pourquoi les autres enfants la traitent-ils de "sale jaune" ? Jack, lui, est un creekwalker, il veille sur la forêt et se réfugie dans les légendes autochtones depuis le départ de son frère à la guerre. Des années 1920 à l'après-guerre, Marie Charrel brosse le portrait d'une Amérique du Nord où la magie sylvestre s'enchevêtre à la fresque historique.
Tout le monde n'a pas la chance d'aimer la carpe farcie de Elise Goldberg, Verdier (2023)
Un grand-père meurt. Une petite-fille récupère son frigo et l’installe dans sa cuisine. La porte à peine ou-verte, nous franchissons la frontière de la Pologne juive, et c’est un monde qui se découvre, un monde de foie de volaille, et de « gefilte fish », carpe farcie en yiddish. La cuisine ashkénaze n’est peut-être pas la plus sexy, et le yiddish n'a pas toujours été une langue bien normée. Mais ce sont autant de saveurs et de cou-leurs, de mots et de sonorités, toute une culture et une histoire qu’Élise Goldberg nous restitue ici.
La Situation de Karim Miské, Les Avrils (2023)
France 2030. Kamel Kassim vit dans le quartier de Belleville et depuis trois mois, des affrontements entre coalition de gauche et milice d'extrême droite embrasent Paris et sa banlieue. Pour préserver ce qu'il reste de ses idéaux, Kamel évite de sortir de chez lui. Jusqu'au jour où une attaque au pied de son immeuble l'oblige à s'impliquer. Il plonge alors dans la noirceur d'un pays fracturé : ses rouages politiques, ses intrigues sinistres. Ses ultimes zones d'humanité qui aident à espérer.
Le grand secours de Thomas B. Reverdy, Flammarion (2023)
Il est 7 h 30, sur le pont de Bondy, au-dessus du canal. C'est un de ces lundis de janvier où l'on s'attend à ce qu'il neige, même si ce n'est plus arrivé depuis très longtemps. Sous l'autoroute A3 qui enjambe le paysage, un carrefour monstrueux, tentaculaire, sera bientôt le théâtre d'une altercation dont les conséquences vont enfler comme un orage, jusqu'à devenir une émeute capable de tout renverser.
Djinns de Seynabou Sonko, Grasset (2023)
Ce jour-là, Penda aurait préféré ne pas décrocher le téléphone. Trop tard, elle apprend que son voisin et ami Jimmy est hospitalisé après une garde à vue. Qui saura le soigner ? Au fil d'une aventure où l'on croisera : des escargots et des pigeons en appartement, un skate qui sillonne la ville à toute vitesse, une sourate à traduire, deux femmes qui ont des problèmes de blanches, une racine miraculeuse et deux frères prognathes,... Sans oublier les djinns qui hantent Penda et avec lesquels elle doit composer.
Le jury du Prix littéraire 2024
- Sabyl Ghoussoub, auteur - président du jury
- Mohamed Berkani, journaliste (Franceinfo Culture)
- Polina Panassenko, autrice, lauréate du Prix littéraire 2023
- Sylvain Pattieu, auteur
- Sarah Polacci, commissaire générale du Livre sur la place
- Léonie Simaga, comédienne
Les précédents prix
En 14 ans, le prix littéraire de la Porte Dorée a distingué les romans d'Alice Zeniter (Jusque dans nos bras, Albin Michel), Michaël Ferrier (Sympathie pour le fantôme, Gallimard), Henri Lopes (Une enfant de Poto-Poto, Gallimard), Mathias Enard (Rue des voleurs, Actes Sud), Julien Delmaire (Georgia, Grasset), Sylvain Prudhomme (Les grands, Gallimard), Doan Bui (Le silence de mon père, Albin Michel), Négar Djavadi (Désorientale, Liana Levi), Mohamed Mbougar Sarr (Silence du chœur, Présence africaine), Omar Benlaâla (Tu n’habiteras jamais Paris, Flammarion), Mehdi Charef (Rue des pâquerettes, Hors d’atteinte) et Hadrien Bels (Cinq dans tes yeux, Iconoclaste) et Nedjma Kacimi (Sensible, éditions Cambourakis).
En 2023, le prix littéraire a été remis à Polina Panassenko pour Tenir sa langue, aux éditions L'Olivier.