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16Alicia Penalba

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Sculpture d'Alicia Penalba, Alada, vers 1960 – 1963
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Cartographie du parcours migratoire de A. Penalba

San Pedro (Argentine) 1913, Saint-Geours-de-Maremne (France) 1982

Née en 1913 en Argentine, Alicia Penalba grandit en déménageant d’un lieu à un autre, dans les grands espaces d’Argentine et du Chili, suivant le travail de son père. Adolescente, elle quitte un foyer familial oppressant pour étudier la peinture aux Beaux-Arts de Buenos Aires, mais doit interrompre sa formation pendant dix ans, par manque d’argent. Elle continue néanmoins à peindre et commence à exposer.

En 1948, une bourse du gouvernement français lui permet de compléter sa formation à Paris. Elle s’y installe définitivement, cherchant autant une nouvelle vie qu’à renouveler son travail artistique. Elle s’initie à la gravure à l’École des beaux-arts, puis à la sculpture auprès de Horacio García Condoy et à partir de 1950 à l’Académie de la Grande Chaumière dans l’atelier d’Ossip Zadkine. Là, elle se lie d’amitié avec une nouvelle génération de sculpteurs, souvent étrangers, comme Marta Colvin, Étienne Hajdú ou François Stahly. Marquée par les sculptures d’Arp, Brancusi, Giacometti et Pevsner, elle abandonne définitivement la peinture et développe un lan-gage sculptural abstrait qu’elle travaille en utilisant la pierre, l’argile, la terre cuite, le plâtre et le bronze dans la solitude de son atelier de Montrouge. À partir de 1952, elle commence ses Totems, des agencements de formes verticales architecturées rappelant tout à la fois des plantes et des constructions ancestrales. Elle les expose à Paris, dans les salons, puis en galeries, et s’impose rapidement comme une figure centrale de la sculpture abstraite.

 

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Sculpture d'Alicia Penalba, Alada, vers 1960 – 1963
Alicia Penalba, Alada, vers 1960 – 1963. Paris, musée d'Art Moderne Photo
© Paris Musées, musée d'Art moderne, Dist. RMN-Grand Palais / image ville de Paris

Dans les années 1960, elle diversifie son répertoire de formes, explorant désormais l’horizontalité et les courbes, créant des sculptures au fort dynamisme. Les formes puissantes qu’elle modèle peuvent notamment rappeler celles des immenses paysages qu’elle a connus dans son enfance, et évoquent des éléments naturels, minéraux, végétaux et marins, mais aussi des symboles mythologiques. Bientôt, elle réalise des projets monumentaux en dialogue avec la nature ou l’architecture. Explorant de nouveaux matériaux, elle travaille le polyester, puis l’acier et s’intéresse de plus au plus au dessin et la gravure. Dès la fin des années 1960, l’artiste connaît un grand succès et expose en Europe, puis aux États-Unis et en Amérique latine. En 1977, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris lui consacre une rétrospective saluant sa carrière, brutalement interrompue quelques années plus tard par un tragique accident de voiture.

Bibliographie :

  • Victoria Giraudo, Alicia Penalba. Paris après-guerre, Paris, Fage/Fondation Giacometti Institut, 2022.