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5Carlos Cruz-Diez

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Carlos Cruz-Diez, Labyrinthe de Transchromie B
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Cartographie du parcours migratoire de C. Cruz-Diez

Caracas (Venezuela) 1923, Paris 2019

Carlos Cruz-Diez grandit à Caracas, capitale qui lui inspire ses premières peintures à sujet social réalisées à l’École des beaux-arts. Diplômé, il travaille plus de dix ans comme graphiste et illustrateur pour des magazines puis dans la publicité, poursuivant en parallèle son travail artistique tourné vers l’abstraction. Insatisfait par la peinture qu’il juge « épuisée » (Carlos Cruz-Diez, Réflexion sur la couleur, Paris, Beaux-Arts Éditions, Cruz-Diez Foundation, 2013, p. 18), c’est dans l’étude approfondie de la couleur qu’il trouve le moyen de renouveler son art. S’inspirant aussi bien des théories scientifiques de la perception, des techniques d’impression industrielles que de l’abstraction de Malevitch, Delaunay ou Albers, l’artiste cherche dès les années 1950 à explorer l’instabilité de la couleur, à lui rendre son autonomie au-delà de la forme et de la matière.

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Photo : Denise René et les artistes de sa galerie
Denise René et les artistes de sa galerie, Paris, 1963. Photographie André Morain
© Photo André Morain, Paris

En 1955, il se rend une première fois en Europe, à Barcelone puis à Paris. Il y retrouve Soto, rencontré lors de ses études, qui lui présente des artistes de l’art cinétique naissant. De retour à Caracas, l’artiste crée ses premières œuvres basées sur la juxtaposition de bandes peintes dont les couleurs se modifient par interférence optique (Couleurs additives), ou bien disposées en relief sur du carton coloré, afin que leur perception change en fonction des déplacements du spectateur (Physichromies). Face au peu d’intérêt suscité par ces œuvres, l’artiste décide de déménager à Paris avec sa famille. C’est donc un artiste accompli qui arrive en France en 1960, cherchant à gagner en visibilité internationale. Il participe bientôt aux grandes expositions de l’art optico-cinétique en plein essor.

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Carlos Cruz-Diez, Labyrinthe de Transchromie B
Carlos Cruz-Diez, Labyrinthe de Transchromie B, Paris 1965/2018. Exposition "Paris et nulle part ailleurs".
Photo : Anne Volery © Palais de la Porte Dorée

À Paris, Cruz-Diez développe son œuvre sur un principe sériel, exploitant des techniques de reproduction et des matériaux industriels – aluminium, plastiques. Ses investigations sur la couleur s’étendent bientôt à l’espace avec ses Chromosaturations où il travaille la lumière colorée. Ces œuvres-environnements visent à plonger le spectateur dans la couleur pure, grâce à des constructions en plexiglas coloré et des néons. Dès 1968, il réalise des structures pour l’espace urbain, que les passants sont invités à expérimenter, réalisant son souhait d’un art de rue sorti du cadre des institutions, d’un art participatif où le visiteur tient un rôle actif. À partir des an-nées 1970, il investit de ses bandes colorées caractéristiques des espaces architecturaux ou urbains (passages piétons, usines, bureaux, aéroports…), réalisant des projets monumentaux en Europe, en Amérique et en Asie.

Bibliographie :

  • Héctor Olea et Mari Carmen Ramírez, Carlos Cruz-Diez : Color in Space and Time, Houston, Museum of Fine Arts, New Haven, Yale University Press, 2011.