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6Dado

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Tableau de Dado, L’architecte, 1959
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Cartographie migratoire de Dado

Cetinje (Monténégro) 1933, Pontoise (France) 2010

Miodrag Đurić, dit Dado (surnom donné par sa mère), naît en 1933 à Cetinje au Monténégro. Orphelin de mère à l’âge de onze ans, il gardera un souvenir très douloureux des années de l’occupation du Monténégro par l’Italie, puis par l’Allemagne à partir de 1943. Après-guerre, grâce à une bourse, il étudie à l’Académie des Beaux-Arts de Belgrade, où il suit les cours de Marko Čelebonović, qui l’incite à se rendre à Paris.

Quelque temps après, en 1956, il rencontre Jean Dubuffet dans l’atelier de lithographie de Gérard Patris, où il travaille et loge. Celui-ci le présente au galeriste Daniel Cordier, impression-né par ses toiles représentant des bébés. Inspirées par De Chirico, Carrà et les premiers surréalistes, les toiles sont déjà empreintes du réalisme onirique caractéristique de son travail. L’influence de ses origines sur ses tableaux est flagrante dans son obsession pour la représentation de la misère et de la souffrance humaines, thèmes communs à la poésie orale populaire des pays slaves. Il peint avec virtuosité des êtres étranges, mutilés, fasciné par le processus orga-nique de la vie et de la mort, sujet central de son œuvre.

 

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Tableau de Dado, L’architecte, 1959
Dado, L’architecte, 1959, Toulouse, musée d'Art moderne et contemporain, les Abattoirs
© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Béatrice Hatala, Adagp, Paris, 2022

Daniel Cordier organise sa première exposition personnelle parisienne en 1958. Peu de temps après, Dado quitte Paris pour Hérouval dans le Vexin français. Ses tableaux sont désormais baignés de la lumière du Vexin. Il participe aux expositions « Anti-procès » (1960) coorganisées par Alain Jouffroy et Jean-Jacques Lebel. En 1961, le suicide de son ami Bernard Réquichot l’affecte profondément. En sa mémoire, il réalise l’un de ses chefs-d’œuvre, La Grande Ferme. En 1962 a lieu sa première exposition aux États-Unis, où il rencontre sa future épouse Hessie et adopte ses enfants. Hérouval devient un lieu d’« art total », occupé par des sculptures et des objets détournés et recouvert de fresques, où il reçoit peintres, galeristes et collaborateurs.

À partir de la fin des années 1960, il commence à s’intéresser à de nouvelles techniques, comme la sculpture, les collages ou la gravure qu’il utilise pour illustrer des ouvrages de bibliophilie. En 1970, une rétrospective lui est consacrée au Centre national d’art contemporain. En 1972, il participe à l’exposition « Douze ans d’art contemporain en France ». À partir du début des années 1990, alors qu’éclate la guerre en ex-Yougoslavie, son œuvre s’inscrit de plus en plus dans l’espace, à travers des bâtiments abandonnés, mais il s’intéresse aussi aux arts numériques et conçoit lui-même son site internet, son anti-musée virtuel, comme une sorte d’œuvre testamentaire. Il s’éteint en 2010 à Pontoise.

 

Bibliographie :

  • Dado. Peindre debout. Entretiens, 1969-2009, Amarante Szidon, L’Atelier contemporain, Strasbourg, 2016.