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7Erró

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Erró, Madame Picabia, Série Collage Paris, vers 1959.
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Cartographie migratoire de Erro

Ólafsvík (Islande) 1932

Erró, de son vrai nom Guðmundur Guðmundsson, naît à Ólafsvík en Islande le 19 juillet 1932. Il étudie la gravure, la fresque et la peinture aux Beaux-Arts de Reykjavik (1949-1951), puis à l’Académie d’art d’Oslo (1952). Il apprend la mosaïque à Ravenne, pour reprendre ensuite l’atelier de Fernando Botero à Florence. Sa première exposition personnelle, sous le nom de Ferró, se tient à la galleria Montenapoleone de Milan en 1956.

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Erró, Madame Picabia, Série Collage Paris, vers 1959.
Erró, Madame Picabia, Série Collage Paris, vers 1959.
© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat. Adagp, Paris, 2022.

En 1958, encouragé par l’artiste Jean-Jacques Lebel, rencontré à Florence, il s’installe à Paris, où il se rapproche d’André Breton et des artistes surréalistes. Il y continue ses collages, qu’il avait commencé à réaliser en Israël, et qui deviennent peu à peu son principal mode d’expression. Il multiplie les assemblages d’images récupérées, qu’il transposera après 1960 sur la toile, à main levée, puis à l’épiscope à partir de 1966, procédant par séries. En 1961, il participe pour la première fois au Salon de Mai et à la Biennale de Paris. Il expose ensuite en Italie, en France, en Belgique et réalise des courts-métrages expérimentaux : Grimaces (1962-1967) avec la participation de tous ses amis artistes, Faces (1962-1967), et Stars (1963).

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Photo : Dîner de vernissage de l’exposition « Mythologies quotidiennes », Paris, 1964
Dîner de vernissage de l’exposition « Mythologies quotidiennes », Paris, 1964. Photographie André Morain
© Photo André Morain, Paris

Voyageur infatigable, il collecte des images à New York (1963 et 1970), où il côtoie les artistes du pop art et la galerie Gertrude Stein lui consacre une exposition personnelle. Il se rend aussi en URSS (1965, 1967), à Cuba (1967), où il exécute avec des dizaines d’autres artistes le mural Cuba Colectiva, puis à Berlin (1970) et fait un tour du monde durant neuf mois (1971-1972). Ses séries mettent en scène, avec une cruelle ironie, les aberrations de la société de consommation, puisant dans l’iconographie de la culture populaire : bandes dessinées, photos de presse, catalogues de ventes, images de propagande, portraits de stars et de dirigeants, chefs-d’œuvre de la peinture occidentale, clichés de l’exotisme.

Au cours des années 1960, il participe à de nombreuses expositions collectives à Paris, comme « La figuration narrative dans l’art contemporain » en 1965 ou  « Le monde en question » en 1967, et réalise des happenings, organisés notamment avec Jean-Jacques Lebel entre 1962 et 1965. Sa critique, fondée sur la dérision des pouvoirs économiques et des dictatures à travers des rapprochements acides, occupe une part grandissante de son œuvre.

À partir de 1972, les expositions et les rétrospectives se succèdent à travers le monde, tandis que les années 1980 sont ponctuées de commandes publiques en France et en Europe.

Bibliographie :

  • Danielle Kvaran, Erró, l’art et la vie, Paris, Hazan, 2007