21Hervé Télémaque
Hervé Télémaque est né en 1937 à Port-au-Prince à Haïti. Désireux d’entreprendre une carrière de peintre, il fait ses études à l’Art Students League de New York de 1957 à 1960, où il découvre Arshile Gorky et l’expressionnisme abstrait américain. Quittant New York à cause du racisme ambiant, il arrive à Paris en 1961. Après une année de travail intense dans des conditions matérielles difficiles, il participe à l’exposition « L’art latino-américain à Paris » (1962) et commence à fréquenter les surréalistes, sans adhérer formellement au groupe.
Télémaque réalise des assemblages associant dessins, peintures, papiers collés, objets récupérés ou inventés, qu’il nourrit de son quotidien, de ses voyages, de ses relations avec Haïti. Il invite le spectateur à établir des liens d’une signification à l’autre en projetant et retraçant sur des fonds unis des détails d’objets empruntés à des catalogues de ventes, recourant à des signes fréquemment contradictoires, à des images trouvées dans la presse. Ses premières expositions personnelles se tiennent à Paris et à Londres en 1964. La même année, en réaction à l’emprise grandissante du pop art américain, il conçoit avec Bernard Rancillac l’exposition « Mythologies quotidiennes », présentée au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Elle est suivie d’autres expositions marquantes comme sa participation à « La figuration narrative dans l’art contemporain » (1965) à Paris.
En 1966, son répertoire technique évolue : il passe à la peinture acrylique, privilégie les aplats, affermit les tracés qui deviennent plus réguliers et souples avant de cesser de peindre après 1967 pour réaliser des assemblages d’objets. Il participe à « Douze ans d’art contemporain en France » au Grand Palais en 1972.
Sa première rétrospective se tient à l’ARC (musée d’Art moderne de la Ville de Paris) en 1976. Au cours des années 1980, Télémaque réalise de grandes peintures pour des com-mandes publiques, pour l’hôpital de la Salpêtrière en 1985 par exemple. Durant les an-nées 1990, il reprend ses collages d’objets, d’affiches et de dessin au fusain, au marc de café, qu’il expose en France et à l’étranger. Les années 2000 sont celles d’un nouveau regard sur le monde, avec ses impressions au retour de voyages en Afrique ou aux Caraïbes et ses commentaires sur l’actualité politique.
Son travail a fait l’objet de nombreuses rétrospectives, tant en France (Centre Pompidou en 2015) qu’à l’étranger (Serpentine South Gallery, Londres, 2021).
Bibliographie :
- Christian Briend (dir.), Hervé Télémaque, Paris, Centre Pompidou, Marseille, Musée Cantini, 2015.