15Iba N’Diaye
Saint-Louis (Sénégal) 1928, Paris 2008
Lorsque Iba N’Diaye arrive en France en 1948, à 20 ans, il se dirige vers des études d’architecture à l’École régionale des beaux-arts de Montpellier, avant de poursuivre ses études à l’École des beaux-arts de Paris. Parallèlement, il fréquente les ateliers de Montparnasse, comme celui d’Ossip Zadkine, auprès duquel il redécouvre la sculpture traditionnelle africaine.
Nourri par les mouvements anticolonialistes et la pensée de Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire sur la Négritude, Iba N’Diaye puise dans la culture européenne une inspiration et une technique – la peinture à l’huile –, tout en conservant une singularité qu’il traduit dans ses œuvres. L’indépendance de son pays précipite son retour au Sénégal en 1959. À l’invitation de Senghor, il participe à la création de la Maison des arts du Sénégal, où il fait en 1962 sa première exposition personnelle et où il enseigne jusqu’en 1966. Au sein du département « Arts plastiques » et contrairement aux enseignements existants basés sur l’instinct, le programme de N’Diaye fait appel à des techniques d’atelier et à l’étude de l’histoire de l’art africain et européen, une « éducation de l’œil indispensable », selon ses propres mots. Si ce souci de connaissances rejoint l’affirmation d’une nouvelle identité africaine, dans la lignée des indépendances, l’enseignement d’Iba N’Diaye est critiqué pour son regard tourné vers l’Occident, à rebours des pensées de Senghor qui s’appuient sur les notions d’identité, de tradition et d’authenticité nationale. En 1966, il participe au premier Festival des arts nègres de Dakar, événement fondateur pour la reconnaissance internationale de la contribution des artistes et écrivains africains aux grands courants de pensée mondiaux.
En 1967, en conflit pédagogique avec les autres enseignants de l’École d’art de Dakar, N’Diaye se réinstalle définitivement à Paris dans un atelier de La Ruche, cité d’artistes située près de Montparnasse où se côtoient de nombreux artistes étrangers. Il y réalise la série Tabaski, inspirée par le sacrifice du mouton après le ramadan et s’oriente déjà vers un style où œuvres figuratives en côtoient d’autres plus abstraites inspirées par la nature. Autour des an-nées 1970, l’artiste réalise sa série Rhamb, métaphore de l’esprit des ancêtres empruntée à la mythologie wolof, et s’oriente vers une peinture à la pâte dense et épaisse. Les visages ne sont qu’esquissés dans un geste énergique, comme pour représenter l’esprit déjà ailleurs, aux cou-leurs mêlées d’ocre jaune, de jaune verdâtre et de rouge.
Si les thèmes peints par l’artiste peuvent faire référence à des coutumes locales dont il a pu être témoin, sa manière de peindre se réclame de l’influence des maîtres classiques (Poussin, Rembrandt, Vélasquez) qui l’a toujours guidé.
Bibliographie :
- Iba N’Diaye, Peintre entre continents : Vous avez dit « primitif » ?, Paris, Adam Biro, 2002.