19Jesús Rafael Soto
Ciudad Bolívar (Venezuela) 1923, Paris 2005
Né au Venezuela dans une famille modeste, Jesús Rafael Soto commence à travailler dès l’adolescence, peignant des enseignes puis des affiches de cinéma. Une bourse lui permet d’étudier à l’École des beaux-arts de Caracas, où il rencontre Carlos Cruz-Diez, Narciso Debourg, Mercedes Pardo et Alejandro Otero, artistes qu’il retrouve plus tard en France. Otero l’incite à partir pour Paris, alors que Soto, diplômé, est directeur de l’École des beaux-arts de Maracaibo. Grâce à une bourse, le peintre s’embarque en 1950 pour la France où il retrouve ses camarades, qui ont fondé le groupe Los Disidentes et qui l’aident à s’installer.
À Paris, Soto se nourrit de l’abstraction des constructivistes et de Mondrian, tout en cherchant à la dépasser en y intégrant les notions de temps, de mouvement et d’instabilité. Il concentre ses recherches plastiques sur le rythme et la transformation des formes, et expose au Salon des Réalités nouvelles. Dès 1953, il utilise le plexiglas et joue de sa transparence pour superposer des trames géométriques peintes, créant la sensation optique de vibration des formes par effet de moiré. Ces œuvres lui valent l’admiration de Vasarely et de Denise René, laquelle l’inclut dans l’exposition fondatrice du cinétisme en France, « Le Mouvement », en 1955. En 1957, le musée des Beaux-Arts de Caracas lui consacre une exposition, où il présente ses premières Structures cinétiques tridimensionnelles. C’est un grand succès qui assoit sa réputation dans son pays natal.
En parallèle, Soto commence à insérer des objets trouvés, branches d’arbres, filets, fils de fer, dans ses Vibrations. Ces formes irrégulières superposées à des fonds striés sont à l’origine d’interférences dans l’œil du spectateur en fonction de ses déplacements. Cette mise en action des formes, couleurs et matières mais aussi du visiteur est au centre de sa pratique artistique. Son travail trouve une forme d’aboutissement en 1967 quand il présente à la galerie Denise René son premier Pénétrable, œuvre-environnement faite de tiges d’aluminium suspendues au milieu desquelles les visiteurs sont invités à déambuler.
De l’extérieur, ces tiges forment un volume géométrique qui se dématérialise quand on pénètre à l’intérieur, modifiant notre perception de l’espace. Si l’artiste est déjà reconnu en Europe et en Amérique latine, les Pénétrables font sa renommée mondiale, notamment lors de sa rétrospective à Amsterdam puis à Paris en 1969. À partir des années 1970, il réalise de nombreuses œuvres d’intégration architecturale aux dimensions monumentales, recevant des commandes dans le monde entier.
Bibliographie :
- Pierre Arnauld, Jesús Rafael Soto, Paris, Galerie nationale du Jeu de Paume, 1997.