10Julio Le Parc
Mendoza (Argentine) 1928
Né à Mendoza dans une famille d’ouvriers, Julio Le Parc démontre très tôt un penchant pour le dessin. Tout en travaillant, il intègre dès ses 14 ans l’École des beaux-arts de Buenos Aires. Là, il prend part à des mouvements étudiants contestataires avec Francisco Sobrino, Hugo Demarco et Horacio García Rossi, camarades avec qui il partage le souhait de se rendre à Paris. Il y par-vient fin 1958 grâce à une bourse, bientôt rejoint par ces derniers.
Ensemble, ils étudient le constructivisme, Mondrian, Vasarely, et ils fondent dès 1961, accompagnés notamment de François Morellet, Joël Stein et Yvaral, le Groupe de recherche d’art visuel. Avec le GRAV, ils redéfinissent la posture de l’artiste, dépassant l’individualisme par le travail en groupe, et éloignant leur subjectivité en déléguant les principes de création de leurs œuvres à des systèmes sériels préétablis, notamment mathématiques. Ils cherchent à repenser les relations entre art et spectateur en créant des œuvres immersives, ludiques et manipulables par les visiteurs, comme leur Labyrinthe présenté à la Biennale de Paris de 1963, leur premier succès, ou Une journée dans la rue (1966). Dans sa dimension sociale, l’œuvre du GRAV est collective, participative, et appelle à une organisation plus horizontale et ouverte sur le public.
En parallèle, Le Parc mène des recherches personnelles sur la perception des formes et couleurs, en travaillant la répétition de formes géométriques peintes ou tridimensionnelles, et met au point ses premières œuvres mobiles utilisant la lumière et des miroirs. Il les expose pour la première fois en 1966. Cette même année, il remporte le Grand Prix de peinture de la Biennale de Venise, qui le propulse sur la scène internationale. Très actif à l’atelier de réalisation d’affiches à l’École des beaux-arts de Paris en mai 1968, il est expulsé de France pendant quelques mois pour avoir participé à des manifestations interdites.
Le GRAV autodissout, Le Parc développe une œuvre diverse de peintures, sculptures, installations et environnements, fondée sur les principes de répétition, de mouvement et d’interaction avec le public. S’il ne retourne pas en Argentine avant 1973, il se rapproche d’autres artistes latino-américains à Paris et à l’international, et prend activement parti contre les dictatures militaires s’instaurant alors dans différents pays d’Amérique latine. Dès les années 1970, des rétrospectives de son œuvre sont organisées en Europe, en Amérique latine et aux États-Unis, la plus récente en France s’étant tenue en 2013 au Palais de Tokyo.
Bibliographie :
- Arnauld Pierre (dir.), Julio Le Parc, Paris, Skira, Flammarion, Palais de Tokyo, 2013.