11Milvia Maglione
Bari (Italie) 1934, Paris 2010
Milvia Maglione débute sa carrière dans les années 1950 comme costumière de théâtre et fréquente l’avant-garde milanaise. Proche d’artistes comme Piero Manzoni ou Pino Pascali, ceux-ci l’encouragent à se diriger vers la peinture à la fin de la décennie. Elle côtoie également Lucio del Pezzo, fondateur du « Gruppo 58 », qui deviendra son époux, ainsi que Max Ernst qui les pousse à rejoindre Paris et s’installer dans son ancien atelier. Cette étape vers Paris, en 1963, constitue un tournant dans leur travail.
En 1964, elle organise, avec Lucio del Pezzo, une « Fête à la Joconde » dans leur atelier en l’honneur de Marcel Duchamp. De nombreux artistes y participent, et c’est un tel succès que l’événement est réitéré l’année suivante en galerie. Son travail est remarqué au Salon de la Jeune Peinture en 1966 et à la 5e Biennale de Paris en 1967.
Alliant une esthétique pop à des atmosphères surréalistes, l’univers de Milvia Maglione oscille entre rêve et réalité, fiction et autofiction. Poursuivant ses expérimentations, elle développe des sculptures-objets composées d’éléments collés sur toile, s’autorisant un mélange des genres.
L’artiste participe à de nombreux événements et expositions féministes à partir de 1975, ce qui oriente son travail vers d’autres pratiques, comme la couture ou la broderie. Empruntées à l’univers féminin, ces techniques lui permettent de rappeler le poids, dans l’art, de la division du travail entre hommes et femmes. Le féminisme de Milvia Maglione ne condamne pas ces pratiques, qui pourraient être perçues comme mineures ou genrées, mais, au contraire, elle rend hommage au travail domestique et à la vie quotidienne des femmes. En ce sens, elle re-donne aux femmes toute leur place dans une société patriarcale, majoritairement masculine dans le domaine artistique. Elle déclare d’ailleurs « Quelle différence y a-t-il entre un coup de pinceau et un point de couture ? Entre le signe tracé au graphite et celui tracé au fil de soie ? Une seule ; la broderie, la couture ont été à travers les siècles des modes d’expressions typiquement féminins » (MILVIA Maglione et LEAH Berns, « Milvia Maglione », Paris, Sorcières : les femmes vivent, n° 17, 1979, p. 99).
Parallèlement à son travail artistique, Milvia Maglione développe une activité de militante féministe en réalisant des affiches pour la maison d’édition italienne Tartaruga, fondée par Laura Lepetit et collabore avec les Éditions des femmes (dirigées par Antoinette Fouque et Sylvina Boissonnas).
Bibliographie :
- Fabienne Dumont, Des sorcières comme les autres. Artistes et féministes dans la France des années 1970, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.