12Roberto Matta
Santiago du Chili 1911, Civitavecchia (Italie) 2002
Roberto Matta Echaurren, dit Matta, naît le 11 novembre 1911 à Santiago de Chili. En 1933, muni d’un diplôme d’architecte, il quitte son pays pour la France et commence à travailler à l’atelier de Le Corbusier, mais sa rencontre décisive est avec André Breton, en 1937, qui l’invite à exposer ses dessins à la première « Exposition internationale du surréalisme » à Paris en 1938.
Établi à New York dès 1939, il y présente en 1940 sa première exposition personnelle dont les œuvres reposent déjà sur l’automatisme de la réalisation par couleurs posées directement au tube ou au chiffon sur la toile et achèvement au pinceau. Les paysages abstraits qui en résultent, où flottent en liberté des éléments colorés, délimitent un univers spatial onirique hanté par un vide illimité. C’est également au cours de son séjour à New York que Matta peint après 1944 ses premiers grands formats, où apparaissent des figures totémiques écartelées, inspirées des arts dits primitifs et prises dans des labyrinthes de lignes figurant tout à la fois « l’immensité de l’univers et les profondeurs infinies de la psyché » (William Rubin).
De retour en Europe en 1949 et séjournant alternativement à Rome et à Paris, Matta commence à peindre ses premières œuvres à référents politiques, dans la perspective de « donner une nouvelle image de l’homme » et de « visualiser l’histoire ». Ainsi, Contro vosotros assassinos de palomas (1950) fait écho à la réunion du Congrès mondial des partisans de la paix de Paris de 1949 (dont l’emblème est la colombe dessinée par Picasso). Suivront notamment de très nombreuses œuvres à sujets historiques, dont Les roses sont belles (1952), allusion à la condamnation à la peine capitale pour espionnage des époux Rosenberg à New York en avril 1951, La Question Djamila (1958), peinte à la suite de la publication (censurée) du livre d’Henri Alleg dénonçant la torture en Algérie et Burn, Baby, Burn (1965-1966) en opposition à l’intervention américaine au Vietnam. Nul réalisme, toutefois, dans ces peintures de grand ou très grand format. Un tourbillon de formes, des couleurs presque phosphorescentes, des tracés acérés parcourant la toile en tous sens, des figurations fantomatiques ou évoquant des robots davantage propres à suggérer la violence du siècle qu’à illustrer les événements, rappelés seulement par les titres des tableaux.
Matta, soucieux d’être de toutes les luttes révolutionnaires, est à Cuba en 1967, à Paris en mai 1968, à Santiago du Chili en 1971. Avec lui, c’est une peinture d’histoire d’un genre nouveau qui naît de la fusion du surréalisme, de l’abstraction et de l’engagement politique.
Bibliographie :
- Matta : du surréalisme à l’histoire, Marseille, Musée Cantini, 2013.