8Tetsumi Kudo
Osaka (Japon) 1935, Tokyo 1990
Né le 23 février 1935 à Osaka, Tetsumi Kudo s’inscrit de 1954 à 1958 à l’École des beaux-arts de Tokyo, mais se détache ensuite d’une abstraction conventionnelle pour réaliser avec des ficelles, des cordes et des tubes montés sur des cadres de bois ou de métal des configurations complexes en forme de toiles d’araignées qui, pour l’artiste, évoquent les réactions en chaîne de la physique nucléaire. Parallèlement, ses happenings le font connaître des critiques qui qualifient ses travaux d’« anti-art ». En mai 1962, établi à Paris pour recevoir la bourse qui l’a ré-compensé à Tokyo, il rencontre ses premiers soutiens et notamment Jean-Jacques Lebel, introducteur des happenings en France. Grâce à lui, Kudo présente en novembre à la galerie Raymond Cordier Philosophy of Impotence, son premier happening parisien. Il y apparaît ficelé et recouvert d’ampoules électriques et de rouleaux de journaux aux formes phalliques, stigmatisant par là une société contemporaine malade de sa dépendance à son environnement maté-riel.
Cette dépendance, Kudo l’illustre d’abord à l’aide d’œuvres associant dans des boîtes des organes de communication humaine (bouches, oreilles, yeux) réalisés en plâtre peint et des petits objets quotidiens (matériel de cuisine, poupées, médicaments). Il crée ensuite des installations où figurent des mannequins monstrueux aux têtes difformes et aux membres réduits à des lambeaux de corps. Jusqu’au début des années 1980, de multiples habitacles (cages à oiseaux – où lui-même parfois se représente – vitrines, globes transparents, cocons en ouate plastifiée) illustrent la métamorphose dans laquelle l’espèce humaine est engagée. Elles renferment des moulages en résine d’organes humains (mains, pieds, nez, phallus) et des petits objets symboliques de notre évolution technique (transistors, diodes, fleurs artificielles).
Selon Kudo, une « nouvelle écologie » est en train de naître, associant nature polluée, technologie toute puissante et humanité mutante. Seules les ultimes séries réalisées par l’artiste, après 1980, semblent vouloir faire renaître un espoir. Reprenant son travail avec les fils de coton, il imagine dans l’une de ses dernières séries l’envol d’âmes d’artistes d’avant-garde – mi-spermatozoïdes, mi-cerfs-volants – représentées par des pelotes colorées placées sous la protection d’un bienveillant parapluie.
Bibliographie :
- Your Portrait : A Tetsumi Kudo Retrospective, The National Museum of Art, Osaka, 2013.