14Véra Molnar
Budapest 1924
Vera Gács suit une formation de peinture classique à l’École des beaux-arts de Budapest, où elle fréquente Judit Reigl, Simon Hantaï et François Molnar qui deviendra son époux, avant d’obtenir un diplôme de professeur d’histoire de l’art et d’esthétique. En 1947, grâce à une bourse, elle quitte la Hongrie en compagnie de François, et se rend à Rome, puis à Paris où ils s’installeront définitivement. Motivée par un désir de devenir artiste à Paris, l’histoire personnelle de Véra Molnar est également marquée par le souhait de s’éloigner du cadre politique hongrois.
En France, elle rencontre Jesús Rafael Soto, Sonia Delaunay et François Morellet et se détourne de la figuration pour s’orienter vers l’abstraction géométrique. En quête d’objectivité et collaborant avec son époux, son travail devient expérimental, fondé sur des recherches scientifiques et sur les lois de la perception. Ensemble, ils participent à la création du CRAV (Centre de recherches d’art visuel, prédécesseur du GRAV) en 1960, avant de quitter le groupe, gênés par l’aspect insuffisamment scientifique des recherches des autres membres.
En 1959, elle anticipe les outils informatiques en créant une « machine imaginaire » qui lui permet de dessiner des images générées par des algorithmes et programmes qu’elle développe elle-même. Relevant d’une base conceptuelle, la programmation devient un moteur de création pour Véra Molnar qui introduit dans son travail de nouveaux procédés, comme l’ordinateur à partir de 1968. Les possibilités techniques de l’informatique facilitent la gestion d’un nombre important d’informations, démultipliant les possibilités artistiques, et font d’elle une des pionnières dans l’utilisation du codage informatique dans l’art.
Malgré l’apparente répétition et symétrie de ses œuvres qui utilisent des formes simples, le carré étant la forme privilégiée de Véra Molnar, elle intègre une part de hasard et de désordre. C’est avec humour et ironie qu’elle rend hommage aux maîtres de l’abstraction géométrique comme Piet Mondrian ou Kasimir Malevitch. Lassée par le carré, Véra Molnar s’intéresse à la lettre M, comme l’initiale de son nom et « comme Malevitch », cette forme « presque carrée » lui permet de jouer avec les codes de l’abstraction.
Parallèlement, elle entretient une correspondance régulière avec sa mère restée en Hongrie. De ces échanges épistolaires naissent de nouvelles formes abstraites, à partir de 1981, grâce à la réflexion que Véra Molnar mène sur l’écriture de sa mère, à la fois « stricte ou gothique » et « nerveuse ou inquiète ». L’artiste retranscrit ces impressions grâce à l’ordinateur sur des grands rouleaux qui montrent l’évolution de leurs échanges, de moins en moins déchiffrables, jusqu’à la mort de sa mère.
Bibliographie :
- Vera Molnár Retrospective, Musée des Beaux-Arts de Rouen, Paris, Bernard Chauveau éditeur, 2012.