Diversité des migrations asiatiques
Aujourd’hui, près de 6 % de la population immigrée en France est originaire d’Asie de l’Est et du Sud-Est. Cette réalité recouvre des temporalités, des populations et des motifs de migrations fortement diversifiés. Des travailleurs mobilisés dans les conflits mondiaux aux migrants économiques des années 1980, en passant par les rapatriements liés aux décolonisations et les exils politiques, les arrivées successives de migrants venus de Chine, du Vietnam, Cambodge et Laos ou de Corée du Sud prennent source dans les tumultes du XXe siècle.
Les réfugiés du Sud-Est asiatique
in Hommes & Migrations Documents, n° 951, 15 juin 1978, pp. 15-18.
Les réfugiés ayant fui le Vietnam, le Laos et le Cambodge après 1975 ont trouvé refuge pour 20 % d’entre eux dans des camps en Thaïlande. Parmi les pays occidentaux, si les États-Unis en ont accueilli une majorité (66 %) dans les premiers mois de l’exil, la France représente une destination privilégiée en 1978, avec une moyenne de mille arrivées par mois. Malgré les dispositifs d’accueil dont bénéficient les réfugiés, la solution du centre d’hébergement provisoire laisse entière la question de leur installation pérenne au sein de la société française.
Les Vietnamiens en France
Ida Simon-Barouh, in Hommes et Migrations, n° 1219, 1999, pp. 69-89.
Au-delà des deux conflits mondiaux, l’immigration vietnamienne vers la France se développe durant la première guerre d’Indochine (1945-1954) et concerne le rapatriement de citoyens français. Elle se poursuit avec la guerre du Vietnam (1955-1975) durant laquelle les classes sociales aisées fuient le pays. La prise de Saïgon par les forces communistes, le 30 avril 1975, entraîne un afflux de réfugiés et l’apparition des boat people. Ces migrations comprennent un large éventail de profils socio-professionnels, loin des stéréotypes qui les cantonnent dans des professions scientifiques.
Un “village du Zheijang” à Paris ?
Jean-Philippe Béja, Wang Chunguang, in Hommes et Migrations, n° 1220, 1999, pp. 61-72.
Depuis le milieu des années 1980, la plupart des émigrants chinois en France sont originaires de Wenzhou, un port situé à 400 kilomètres au sud de Shanghai, dans la province du Zhejiang. Si la trajectoire migratoire n’est pas nouvelle, les Chinois de Wenzhou qui parviennent à Paris ont pour objectif de réussir économiquement en s’installant définitivement en France où ils retrouvent une solide structuration communautaire.
La communauté coréenne de Paris : petite introduction
Hélène Zinck, in Hommes et Migrations, n° 1233, 2001, pp. 44-57.
Discrète, peu nombreuse, la communauté coréenne en France se démarque des autres immigrations asiatiques. Essentiellement féminine, composée majoritairement d’étudiants, d’employés de multinationales et d’artistes, elle est structurée en de nombreuses associations qui reproduisent la hiérarchie de la société d’origine. Son fonctionnement quasi autarcique, centré sur la péninsule coréenne et marqué par un fort engagement religieux, laisse peu de place à l’intégration dans la société d’accueil.
Les grandes étapes de cent ans d’histoire migratoire entre la Chine et la France
Véronique Poisson, in Hommes & Migrations, n° 1254, 2005, pp. 6-17
Un siècle d’histoire migratoire relie la France à la province du Zhejiang en Chine. Tout commence au tournant du XXe siècle, avec l’arrivée de commerçants et de leurs employés. Par la suite, lors du premier conflit mondial, un contingent d’ouvriers chinois est recruté pour suppléer à la main-d’œuvre française. Les années 1930 vont connaître une amplification des arrivées pour des raisons politiques et économiques, interrompue par l’instauration de la république populaire de Chine en 1949 qui conduit à la fermeture des frontières du pays. La politique d’ouverture économique lancée par Deng Xiaoping en 1978 donnera un nouveau souffle à l’émigration en provenance de Chine.
Voyage au bout de la mer : les boat people en France
Martine Gayral-Taminh, in Hommes et Migrations, n °1285, 2010, pp. 163-171.
Dès le milieu des années 1970 et la victoire du régime communiste, plusieurs centaines de milliers de Vietnamiens décident de fuir leur pays. Certains tentent de reconstruire leur vie en France, où l’association France terre d’asile comptabilise, entre mai 1975 et décembre 1990, 42 694 Vietnamiens en tant que réfugiés. Ce faisant, ces travailleurs tenaces et indépendants cherchent moins un refuge qu’un lieu où accomplir leur quête de réussite sociale.
Une mémoire qui resurgit. Les travailleurs indochinois de la Seconde Guerre mondiale
Pierre Daum, « Une mémoire qui resurgit. Les travailleurs indochinois de la Seconde Guerre mondiale », in Hommes & Migrations, n° 1305, 2014, pp. 156-159.
À la différence de leurs prédécesseurs mobilisés dans les usines d’armement lors du premier conflit mondial, les 20 000 paysans indochinois venus de gré ou de force en France lors de la Seconde Guerre mondiale seront pour la plupart contraints d’y rester après la défaite de juin 1940. Si des rapatriements sont organisés à l’issue du conflit, 2 000 à 3 000 travailleurs décident de s’installer en France. Ils constituent la première vague importante d’immigration vietnamienne sur le sol français.