Ce que les restitutions font aux musées
Troisième journée du colloque international Sharing museums / Musées partagés.
Le Palais de la Porte Dorée, anciennement « Palais des Colonies », inauguré en 1931, est une incarnation de l’ère coloniale. Comme nombre de musées, il est aux prises avec les mémoires postcoloniales contemporaines. La quasi-totalité du patrimoine matériel des pays d’Afrique subsaharienne est conservée hors du continent. Les institutions muséales d'Europe et d'Amérique du Nord sont interpellées sur la manière dont leurs collections ont été constituées, sur leurs scénographies et leurs discours. La présence, dans leurs collections, d’objets africains, dont l’appropriation est le fruit de la situation coloniale, est particulièrement dénoncée. Quelles conséquences pour les musées européens et africains ?
Restituer signifie littéralement rendre un bien à son propriétaire légitime ; est-ce pour autant un acte à sens unique ? Qu'est-ce qui dans la restitution relève du don et de l'échange ? Comment penser ensemble les contours éthiques et les modalités pratiques de la restitution des œuvres d'art ?
9h45 - 10h30 Keynote
Avec Souleymane Bachir Diagne, Professeur en philosophie à l’Université de Columbia, New York (États-Unis)
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10h45 - 12h15 Restituer, et après ? Les musées face aux collections coloniales
La question des restitutions d’objets à l’Afrique et à l’Asie s’est imposée comme un élément central de justice et de réparation. Pour autant, quel est l’objet de ces demandes de restitution ? Comment sont-elles reçues par les musées ? S’agit-il seulement de restituer des artefacts ? Sous quelles conditions et à qui ? Faut-il passer de la restitution à la réparation ? Comment représenter le vol colonial et la restitution de l’objet volé ? En quoi la restitution est-elle la résolution pragmatique d’une demande de reconnaissance symbolique ?
Intervenants
- Katia Kukawka, conservatrice en chef, directrice adjointe du Musée d’Aquitaine (France)
- Stephen Little, conservateur, chef du département d’art chinois et coréen au Los Angeles County Museum of Art (États-Unis)
- Valika Smeulders, cheffe du département d’histoire au Rijksmuseum, Amsterdam (Pays-Bas)
- Hamady Bocoum, directeur du Musée des civilisations noires, Dakar (Sénégal)
Modération par Sarah Hugounenq, journaliste
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12h15 - 12h45 Échanges avec le public
14h30 - 15h15 Keynote
Anne-Solène Rolland, directrice du département du patrimoine et des collections du musée du quai Branly-Jacques-Chirac (France)
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15h30 - 17h Une éthique du partage
Si les restitutions révèlent les blessures de l'histoire, peuvent-elle contribuer à les soigner ? Quel est le rôle du patrimoine dans la réinvention de soi ou la réappropriation de l’écriture de sa propre histoire ? Comment envisager une circulation des objets entre les groupes qui font vivre les cultures, et les institutions qui assurent leur exposition au reste du monde ?
Une nouvelle éthique relationnelle pourrait être la condition nécessaire d’un rééquilibrage postcolonial du patrimoine mondial, entre les pays du Nord et ceux du Sud. Les relations se transforment sous l’impulsion des restitutions, d’un point de vue politique, culturel et patrimonial. Est-il possible de penser à nouveaux frais une civilisation de l’universel marquée par la circulation mondiale des œuvres, des personnes et des savoirs ? Les restitutions des œuvres invitent-elles, dans le sillage de Senghor, à un nouveau « rendez-vous du donner et du recevoir » ?
Intervenants
- Nanette Snoep, directrice du Rautenstrauch-Joest Museum, Cologne (Allemagne)
- Daouda Keita, directeur général du musée national du Mali (Mali)
- Émilie Salaberry, directrice des musées d’Angoulême (France)
Modération par Sarah Hugounenq, journaliste
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17h - 17h30 Échanges avec le public
17h30 - 18h Clôture
Sébastien Gökalp, directeur du Musée national de l’histoire de l’immigration (France)