Mémoires de quartiers, mémoires de migration
Conférence d'Hélène Bertheleu, sociologue, maître de conférences à l'Université de Tours et Muriel Cohen, doctorante en histoire, Université Paris-1, introduite par Marianne Amar, responsable de la recherche à la Cité et animée par Laure Pitti, maître de conférence en sociologie Université Paris 8
La mémoire de l’immigration n’existe pas. Diverses, complexes, les mémoires des migrations se construisent et se reconstruisent selon les époques, les générations et les espaces. Les circulations de la mémoire interrogent d’abord l’articulation entre espaces public et privé. Mais elles posent aussi la question du jeu d’échelles entre territoires, du quartier aux espaces transnationaux, et les échanges qui s’opèrent de l’un à l’autre, jusqu’à dessiner un espace de la mobilité.
C’est le quartier qui servira de fil conducteur à cette exploration des mémoires de migration, avec deux auteurs du numéro "Mémoires de quartiers, mémoires de migration", publié par la revue Diasporas. Histoire et société.
Dans un premier temps, Muriel Cohen évoquera les bidonvilles de Nanterre, entre "trop plein" de mémoire et silences. Longtemps, ils ont incarné le mal-logement des immigrés, avant de s’imposer comme le lieu martyr de la manifestation du 17 octobre 1961. Mais aujourd’hui, dans la ville même, tandis que la mémoire de la guerre d'Algérie est mise en avant, celle des bidonvilles reste dans l’ombre.
Dans un second temps, Hélène Bertheleu réfléchira sur la place des migrations dans le développement actuel des mémoires urbaines. Souvent, l’histoire des migrants s’efface devant la mémoire du quartier, laissant dans l’invisibilité la diversité des motifs de la migration et les appartenances transnationales. Les contextes locaux, les politiques publiques jouent ici un rôle décisif, une manière de rappeler que la construction des mémoires résulte aussi d’un rapport de force.