Migrations arméniennes, XIXe-XXe siècles. Espaces, ruptures, reconfigurations
Avec Dzovinar Kévonian (Institut des sciences sociales du politique, Université Paris-Ouest Nanterre La Défense) et Anouche Kunth (CNRS Migrinter-Université de Poitiers).
Adoptant un arc chronologique ample (XIXe-XXe siècles), cette conférence entend réinsérer, sans toutefois la relativiser, la scansion fondamentale du génocide de 1915 et de l’exode massif des Arméniens de Turquie qui s’ensuivit au début des années 1920, dans une histoire longue des migrations arméniennes.
Radical et irréversible pour toute une génération de rescapés, l’exil forcé des Arméniens ottomans doit, en effet, être replacé dans le contexte d’une succession de crises régionales au Caucase, au Proche et au Moyen-Orient dont les effets se prolongent jusqu’à nos jours : confrontation des espaces impériaux, formation des Etats-nations ou enjeux de guerre froide.
La longue durée permet, en retour, de mieux revenir au temps court de l’événement, pour mesurer l’impact de la Première Guerre mondiale dans l’histoire de la dispersion arménienne. Une attention particulière sera portée à l’action internationale déployée pour secourir les centaines de milliers de réfugiés arméniens, interdits de retour en Turquie après avoir été dénationalisés et spoliés par le régime kémaliste.
L’expérience de l’exil sera également traitée à l’échelle des réfugiés euxmêmes et de leurs logiques d’implantation dans les pays d’accueil, en France notamment, comme dans le combat mené pour les réparations. Pour autant, l’exil était-il perçu comme définitif ? Cette question cruciale conduira à évoquer l’épisode du "rapatriement" en Arménie soviétique (1946-1947), autre pôle structurant, et néanmoins clivant, des échanges entre la diaspora et un Etat nouveau, au statut ambigu de "mère-patrie".
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