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Rivesaltes-fictions / question suivante : entretien avec Vincent Bady

Le Musée de l’histoire de l’immigration accueille une représentation de Rivesaltes-Fictions / Question suivante de la compagnie Les trois-huit. Troisième volet d’un triptyque sur l’accueil des étrangers en France écrit et mis en scène par Vincent Bady la pièce aborde la question des camps d’internement.

Rivesaltes-fictions raconte un trajet dans les décombres du camp de Rivesaltes, camp militaire de Languedoc-Roussillon qui, de 1940 à 2007, a servi à interner successivement plusieurs catégories d’étrangers. "Le spectacle ne vise pas à restituer une histoire chronologique du lieu mais à travailler la mémoire qui en reste (…). L’écriture mêle les documents, les témoignages réels et construits, elle reconstitue des moments de l’histoire singulière de personnes internées (…), elle travaille les formes de la communication et du discours politiques sur le camp. Elle explore l’imaginaire lié à la mémoire d’un lieu d’infamie" (Vincent Bady).

Vincent Bady est né en 1951 à Lyon où il vit toujours. Après des études de philosophie et de sociologie, il se destine entièrement au théâtre à partir de 1976. Depuis 1992, il est membre du collectif artistique Les Trois-Huit, compagnie de théâtre, qui dirige le Nouveau Théâtre du 8e à Lyon. En 2010 il se lance dans l’écriture et la mise en scène de ce tryptique sur l’accueil des étrangers avec un premier volet intitulé Europe ne se souvient plus.

Rencontre

- Pouvez-vous, en introduction, nous dire quelques mots sur le camp de Rivesaltes ?

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Extrait du film de Marion Lechevallier, Rivesaltes-fictions / question suivante
Le camp de Rivesaltes aujourd'hui. Extrait du film de Marion Lechevallier, Rivesaltes-fictions / question suivante © Marion Lechevallier

Vincent Bady : Dans le vaste archipel, très méconnu, des camps d’internement en France, le camp de Rivesaltes présente une particularité : son utilisation périodique entre 1940 et 2007 pour interner différentes catégories de "populations indésirables" : républicains espagnols exilés, tsiganes, juifs, prisonniers de guerre allemands, collabos, harkis, militants de l’indépendance algérienne, étrangers sans-papiers.

- Comment êtes-vous arrivé à travailler sur un sujet comme les camps d'internement ?

Après avoir travaillé sur l’exil du philosophe juif allemand Walter Bejamin, je me suis intéressé aux conditions d’accueil faites aux émigrés allemands en France dès 1939, et j’ai alors "découvert" l’existence des camps d’internement.

- Quels sont les thèmes autour de la problématique des camps que vous avez voulu traiter dans votre pièce ?

Les rapports au quotidien de la population locale au voisinage d’un camp, la logique administrative d’Etat visant à l’exclusion, à la séparation et au tri des "indésirables", les liens entre travail de la mémoire et l’histoire au présent.

- Quels choix de mise en scène avez-vous faits pour parler de cette histoire ?

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Extrait du film de Marion Lechevallier, Rivesaltes-fictions / question suivante
Le camp de Rivesaltes aujourd'hui. Extrait du film de Marion Lechevallier, Rivesaltes-fictions / question suivante © Marion Lechevallier

Le spectateur est témoin d’une quête qui se déroule dans une sorte de laboratoire de mémoire où les traces du passé, les témoignages réels ou inventés, les récits de vie, les fictions reconstituées, les images vidéos, les paroles publiques sont présentées dans un montage qui souligne les continuités et les discontinuités de l’histoire. Au spectateur de se fabriquer, à partir de là, sa mémoire du camp de Rivesaltes.

- Selon vous, qu'est ce que le "média" théâtre permet de dire sur les camps d'internement ?

Ce théâtre a une fonction "documentaire" : faire connaître une histoire vraie, méconnue ou largement ignorée.

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Le camp de Rivesaltes aujourd'hui. Extrait du film de Marion Lechevallier, Rivesaltes-fictions / question suivante © Marion Lechevallier
Le camp de Rivesaltes aujourd'hui. Extrait du film de Marion Lechevallier, Rivesaltes-fictions / question suivante © Marion Lechevallier

Mais ici, les moyens du théâtre ne sont pas ceux d’un historien : ils donnent à voir un trajet personnel, un point de vue subjectif, et proposent à chaque spectateur de partager sensiblement l’expérience singulière du récit d’un événement historique comme celui des camps. La mémoire déborde alors le cadre mémorial et documentaire, elle est conservée dans son inachèvement perpétuel par la réception sensible que chacun d’entre nous fait de l’histoire passée et présente.

 

Equipe de création / Les trois-huit :

Texte et mise en scène : Vincent Bady
Avec : Vincent Bady et Marion Lechevallier
Création vidéo : Marion Lechevallier
Scénographie et régie vidéo : Charles Boinot
Création et régie son : Cédric Chaumeron
Création et régie lumière : Julie-Lola Lanteri
Collaboration artistique : Sylvie Mongin-Algan
Production : les Trois-Huit, compagnie de théâtre.
Coproductions : Centre Culturel Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin (69) et Musée de l'Histoire de l'Immigration (75).

En savoir plus sur la compagnie :

Le nouveau Théâtre du 8è / NTH8
22 rue CDT Pégout
69008 Lyon
04 78 78 33 30
www.nth8.com
contact@nth8.com

En savoir plus sur les camps d'internement (en ligne sur notre site) :