Société et immigration

A quel type de logement les immigrés accèdent-ils ?

En 2018, les ménages immigrés sont moins souvent propriétaires (35 %) que les ménages non immigrés (60 %). Ils sont plus souvent locataires d’un logement HLM (respectivement 31 % et 13 %). Des revenus plus faibles ou la plus grande taille des ménages peuvent expliquer cette surreprésentation des immigrés en HLM. Mais, ici encore, le terme « immigré » recouvre de nombreuses disparités. 

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Kader Attia, Correspondance, 2003
Kader Attia, Correspondance, 2003, Musée national de l'histoire de l'immigration, inv. 2006.4.5 © EPPPD-MNHI, © Kader Attia, © Adagp, Paris, 2021

Ainsi, convient-il de distinguer par origine géographique : si 55% des immigrés originaires du Portugal, 65% et 60 % des ressortissants originaires d’Italie et Espagne sont propriétaires, seuls 23% des Algériens – qui est tout de même une migration ancienne - sont propriétaires et 15% pour les autres pays d’Afrique. 37% des immigrés originaires de Turquie sont propriétaires.

Inversement, le nombre d’immigrés locataires en HLM est de 49 % (Algérie), 48% pour les autres pays africains, 45% (Maroc), 38% (Tunisie ou Turquie) contre 15% (Portugal), 13% (Espagne) ou 10% (Italie).

Selon l’Insee, 75 % de ces ménages immigrés habitaient dans des immeubles construits avant 1975, autrement dit dans les grands ensembles, les barres et les tours situés à la périphérie des grandes villes.

Des logements plus petits et surpeuplés

Les logements des immigrés sont plus petits (76 m2 en moyenne, contre 93 m2 pour les non-immigrés en 2013) et plus fréquemment surpeuplés : toujours en 2013, les ménages immigrés étaient 29 % à devoir vivre dans un logement surpeuplé (contre 7 % pour les non-immigrés).

Cette proportion atteint 48 % pour les ménages originaires d’Afrique subsaharienne.

Sortir des HLM

Quitter un logement HLM pour accéder à la propriété indiquerait un « parcours résidentiel ascendant ». Ainsi, 34% de la population majoritaire quitte son habitat social pour devenir propriétaire. Le pourcentage descend à 21% et 23% chez les immigrés et leurs descendants. Mais là encore, selon que vous soyez immigrés du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, natifs d’un DOM ou originaires d’Asie du Sud Est, les sentences du marché vous feront propriétaire ou vous renverront à votre location. Si 30% chez les natifs d’un DOM et 43% chez les immigrés d’Asie du Sud-Est délaissent l’HLM pour la propriété, les pourcentages tombent à 15% pour les Maghrébins et 9% pour les Africains subsahariens. 

Il est plus difficile pour les ménages immigrés de devenir propriétaires. Seulement 13 % des ménages immigrés mobiles ont pu accéder à la propriété entre 2009 et 2013, alors qu’ils étaient 21 % en 2001. En revanche, cette part reste stable pour les ménages non immigrés (23 % et 25 %), creusant ainsi l’écart entre ménages immigrés et non immigrés.

Discriminations

L’origine des différences entre les groupes immigrés tient à la fois à la durée de la présence en France, aux ressources permettant l’accès ou non à la propriété, à certaines caractéristiques culturelles, valorisant ou non la propriété (comme ce serait le cas pour les communautés d’origine asiatique) et aux discriminations, subies ou ressenties.
Si environ 1 immigré (13%) et 1 descendant d’immigré (9%) sur 10 a le sentiment d’avoir connu une discrimination au logement, la proportion passe à 1 pour 5 pour les immigrés d’Algérie et d’Afrique subsaharienne (TeO1).

« L’amélioration par le logement, qui aurait dû rendre plus facile l’intégration sociale [des immigrés], n’a pas produit ses effets » écrit M.C.Blanc-Chaléard (Hommes & Migrations, n°1264, Nov-Déc 2006).

 

Mustapha Harzoune, 2022