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Umrika

Cosmopolite, éduqué entre les États-Unis et la France, où il a longtemps vécu, le jeune cinéaste indien Prashant Nair a voulu faire un film sur les décalages culturels en racontant comment, dans les années 1980, un village indien paisible et minuscule rêve d’Amérique ("Umrika") à travers les récits fabuleux de l’un de ses fils. Mais à l'arrivée, cette jolie comédie autour de deux jeunes acteurs pleins de promesse ressemble d'abord à une fable sur l'émigration ‒ optimiste, une fois n'est pas coutume.

Le jeune Ramakant (Suraj Sharma, révélé par L'Odyssée de Pi) et son indéfectible copain Lalu (Tony Revolori, découvert grâce au Grand Budapest Hotel) grandissent dans l'ombre d'Udai, le frère aîné du premier, parti pour "Umrika" sans billet de retour. Ses lettres émaillées de photographies étranges (Fête de la marmotte, toilettes avec chasse d'eau, patinoire new-yorkaise…) embellissent année après année la chronique de leur bourgade, Jivatpur. Mais à la mort de son père, Ramakant découvre que le héros local a en réalité disparu sans laisser de traces, et décide de le retrouver, coûte que coûte. Finement jouée et amenée, avec un heureux dosage d'humanisme, de drôlerie et d'eau de rose à la Bollywood, l'odyssée de Ramakant, de la maison de torchis familiale jusqu'aux ruelles de Mumbai, s'ancre aussi dans la réalité contemporaine des migrations pour rappeler que chaque départ est toujours, d'abord, une aventure personnelle.

Irène Berelowitch

Umrika
Film de Prashant Nair (Inde, 2015, 1h40mn)
Avec Suraj Sharma, Tony Revolori, Prateik Babbar, Smita Tambe.
Prix du public, Sundance 2015.