2200 regards sur l'immigration
Chaque vie est une histoire, 200 regards sur l'immigration revient sur vingt ans d’acquisitions de la collection du Musée et sur ses trois fonds : histoire, témoignages et société, art contemporain. Rendre visible une réalité faite d’invisibilité est la mission première du Musée national de l’histoire de l’immigration. Comment donner corps et visages à des anonymes, tolérés dans l’invisibilité mais contestés lorsqu’ils deviennent visibles ? Comment mettre en perspective et en lumière l’histoire collective et les parcours individuels ? Ces questionnements, au cœur des collections du Musée, sont explorés dans cette nouvelle exposition où près de 200 œuvres d’art, documents d’archives, photographies, vidéos, peintures, objets et récits de migrations appartenant aux trois fonds dialoguent afin donner à voir cette histoire.
L'exposition
Raconter l’histoire de l’immigration, c’est raconter un mouvement, un rêve, un chagrin, un fantôme, un éternel recommencement.
Son récit complexe se trouve en équilibre entre passé, présent et futur.
Et c’est ici, exactement, cette complexité.
Ici, dans ce musée à l’intersection de l’histoire, de l’anthropologie et de l’art.
Ici où, depuis vingt ans, est patiemment constituée une collection originale et exceptionnelle pour dire l’histoire de l’immigration. Vingt ans d’un patient travail où le propos scientifique, les faits et la statistique dialoguent avec le témoignage, la mémoire et le souvenir.
Ici, dans cet endroit où, il y a vingt ans, rien n’existait, excepté la volonté farouche de contribuer à la reconnaissance de ceux qui ont fait la France.
Chaque vie est une histoire est la nouvelle exposition qui entremêle les trois fonds du musée – histoire, témoignage et société, art contemporain.
Elle fait surgir l’absence : une enfance qu’on laisse derrière soi, un linge délavé, une langue oubliée, une photo jaunie, une identité dispersée, un parfum évaporé.
Elle fait comprendre les songes et les promesses du mouvement migratoire comme elle souligne les merveilleuses créations artistiques pour reconnaître ceux qui, avant nous, pour nous, ont tout quitté.
Au cours de cette déambulation inédite dans les couloirs du Palais se révèlent des vies, des visages, des destins qui sont souvent marqués par l’invisibilité, l’indicible et l’impalpable.
La première partie témoignera des départs, des non-lieux, des nulle part. À quoi ressemblent les endroits qu’on laisse derrière soi, quels fantômes désormais les habitent et comment faire pour témoigner du vide ?
La deuxième partie est l’esquisse d’un monde oublié, souterrain, silencieux. Ce sont tous les visages anonymes du musée : travailleurs étrangers, migrants, sans-papiers, familles éclatées. Ces destins éparpillés et divers dessinent la misère, le labeur acharné, l’effacement des identités mais aussi, indéniablement, la figure d’une lutte et d’un engagement.
La troisième partie dira la reconstitution de la mémoire malgré le départ, le vide, l’oubli. Quêtes et enquêtes, objets et photos qui sont autant de liens singuliers qui se nouent pour former notre riche mémoire commune.
Lentement, une nouvelle histoire émerge, tel un palimpseste.
Lentement, œuvre après œuvre, objet après objet, photo après photo, ce sont toutes ces vies que nous éprouvons, ce sont toutes ces histoires de l’ombre qui disent la place que nous occupons et celle que nous offrons.
Commissariat
Emilie Gandon
Diplômée de l’Institut national du patrimoine et de l’Université de Paris Nanterre, elle est responsable du fonds Histoire du Musée national de l’histoire de l’immigration depuis 2017. Conservatrice du patrimoine, son parcours professionnel l’a mené à évoluer dans différentes institutions culturelles comme la Direction régionale des affaires culturelles de Normandie, le Centre de Recherche et de Restauration des musées de France ou encore le Musée de l’immigration d’Ellis Island de New York.
Elisabeth Jolys-Shimells
Conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du service des collections du Musée national de l’histoire de l’immigration. Spécialisée dans la muséologie de société, ses travaux scientifiques s’articulent autour des enjeux patrimoniaux du témoignage ainsi que de la relecture des collections au prisme des évolutions historiographiques et sociales. Ceux-ci trouvent notamment un écho au sein du groupe de travail national « Patrimoine des migrations humaines » qu’elle a mis en place et pilote depuis 2019.
Isabelle Renard
Directrice par intérim du Musée national de l’histoire de l’immigration, Isabelle Renard est également responsable de l’art contemporain au Musée. À ce titre, elle a élaboré une collection d’œuvres questionnant les notions d’exil, de frontières, d’identité, d’hybridation des pratiques culturelles et artistiques. Depuis 2008, elle a assuré le commissariat de plusieurs expositions. Diplômée en sciences politiques et titulaire d’un master en art contemporain, Isabelle Renard est docteure en histoire culturelle.
Avec la participation exceptionnelle de Nathacha Apanah qui signe ce texte de présentation de l'exposition ainsi que les textes qui introduisent chaque partie.
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