Camp de Gurs, été 1939. Photographies de Turaï
Né à Budapest (Hongrie) en 1903, Turaï, de son vrai nom Dezso Revai
La guerre d’Espagne a entraîné le départ de plusieurs vagues de réfugiés vers la France, de 1936 jusqu’en 1939 où la chute de Barcelone provoque, en quinze jours, un exode sans précédent. Près d’un demi million de personnes franchissent alors la frontière des Pyrénées, dans de terribles conditions. C’est la Retirada. Le gouvernement français, qui n'a rien prévu pour les accueillir, parque les réfugiés espagnols dans des camps d'internement montés à la hâte.
Dès février 1939 le gouvernement français décide de construire de nouvelles installations pour les réfugiés d’Espagne. L’internement, inscrit dans les décrets adoptés par le gouvernement Daladier en 1938, s’organise et devient un outil du contrôle des étrangers que la République souhaite tenir à l’écart.
Achevé le 25 avril 1939, le camp de Gurs (Basses-Pyrénées, aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques) compte 428 baraques et 19 000 internés, répartis en quatre groupes : Basques, "aviateurs" républicains, volontaires des Brigades Internationales et les autres "Espagnols". Pendant l’été, en dépit des difficultés et des incertitudes pesant sur leur sort, la vie des internés, largement organisée par le Parti communiste, témoigne d’une étonnante vitalité, en particulier dans le domaine culturel. Lorsque la guerre éclate, le climat a changé. Le camp se trouve vidé de moitié en raison des rapatriements et des recrutements dans l’économie locale. Pour ceux qui restent, les conditions de l’internement vont rapidement s’aggraver : manque d’hygiène et maladie, baraques ouvertes au vent et au froid et partout, la "boue de Gurs" ancrée pour longtemps dans les mémoires du camp.
Turaï et le camps de Gurs
Turaï est un photographe autodidacte. En 1926, il devient membre du Parti communiste. En 1935, comme beaucoup de ses compatriotes, il s’installe à Paris et commence une carrière de photoreporter. Lorsque la guerre d’Espagne éclate, Dezso Revai s’engage naturellement aux côtés des républicains espagnols avec les Brigades internationales dont il devient le photographe officiel sous le nom de Turaï. Pendant son internement au camp de Gurs, Turaï poursuit son activité de photographe. Cet ensemble de photographies témoigne de la vie quotidienne des internés de Gurs. Au sein des 382 baraques regroupées en 13 îlots, une vie politique, culturelle et sportive s’est développée, sous la direction du Comité général du Parti communiste. Ces clichés sont sans doute pris dans la section internationale, connue pour ses activités les plus variées.
En savoir plus sur Turaï :
Le site Internet dédié au photographe
En savoir plus sur les camps de rétention :
- Podcast : La France des camps (1938-1946), conférence de Denis Peschanski à L'UniverCité
- Les actions du réseau : Le camp de Rivesaltes et le musée mémorial
En savoir plus sur l’exode des Républicains espagnols :
- Dossier thématique : La Retirada ou l’exil républicain espagnol d’après guerre
- Collection : Retirada, 15 février 1939. Cerbère, frontière franco-espagnole arrivée d’un convoi de réfugiés espagnols
- Collection : Réfugiés espagnols pendant leur transfert au camp du Barcarès (Pyrénées-Orientales)
- Collection : Réfugiés espagnols, David Seymour
- Collection : Entretien avec Léontine Arenas : des Espagnols dans la Résistance
- Conférence : 70 ans après, histoire et mémoire de la Retirada et de l’exil espagnol
- Conférence : De la Retirada à l’exode de l’été 1940 : les routes du refuge
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