1983. La Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme
Il y a 40 ans avait lieu la Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme. Suite à une série d’affrontements avec la police dans la banlieue lyonnaise et à la blessure par balle de Toumi Djaïdja (président de l’association SOS Avenir Minguettes), un groupe de jeunes du quartier des Minguettes à Vénissieux et de militants antiracistes de la Cimade lance l’idée d’une marche à travers toute la France pour dénoncer les crimes racistes, les expulsions et l’inégalité dans l’accès aux droits des jeunes de la deuxième génération.
La Marche est partie de Marseille le 15 octobre 1983 et arrive à Paris le 3 décembre après avoir traversé 45 villes où sont organisés manifestations et rencontres/débats. Le groupe initial des Marcheurs s’est constitué autour d’un noyau d’une quinzaine de personnes et va s’étoffer jusqu’à former un groupe d’une trentaine de « marcheurs permanents ». À chaque étape, les Marcheurs sont accueillis par des comités d’accueil formés par des associations locales et des individus. La dernière étape, la grande manifestation parisienne, verra défiler 100 000 personnes de Bastille à Montparnasse.
Ce dossier, réalisé en collaboration avec Mogniss H. Abdallah, propose de se pencher sur les traces que la Marche a laissées avec un focus sur les médias et la Marche.
Les médias et la Marche
Presse écrite, journalistes radio, photographes, reporters pour la télévision, marcheurs eux-mêmes, ont couverts la Marche et en ont laissé des récits et des images. Comment la presse a couvert la Marche en 1983 ? Quel médias se sont mobilisés et comment ? Quelles images ont été réalisées et à quelle fin ?
Les médias et la Marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983
Mogniss H. Abdallah signe ici un article retraçant la couverture médiatique de la Marche depuis l’émergence de l’idée d’une marche jusqu’à son arrivée à Paris. Il montre comment les grands médias nationaux (presse papiers, journaux télé et autres) ont d’abord boudé la Marche avant de la couvrir plus largement à partir de la mort d’Habib Grimizi le 14 novembre 1983. Il montre aussi comment un pool de médias indépendants réunissant radios libres et quelques titres de presse écrite s’est mis en place pour raconter la Marche et faire échos à ses revendications.
Regards croisés de photographes
Photojournalistes, militants et photographes amateurs ont photographié la Marche. Certains reportages ont été commandités par les journaux, d'autres viennent d'initiatives personnelles. Dans des démarches à la fois différentes et complémentaires, les images qu’ils ont laissées donnent à voir la Marche et son déroulement.
Le Musée a rencontré cinq de ces photographes (Pierre Ciot, Joss Dray, Amadou Gaye, Farid L’Haoua et Mustapha Mohammadi) pour les interroger sur les photographies qu’ils ont faites. Au-delà d'un récit de la Marche en images, ce film pose la question de la constitution d'un fond photographique sur la Marche et affirme l'importance de la mutualisation de leur travail.
Archives filmées de la Marche avec l’émission Mosaïque
Le 11 décembre 1983, quelques jours après l’arrivée de la Marche à Paris, l’émission Mosaïque sur FR3 diffuse 1h30 d’émission spéciale sur la Marche composée de quatre reportages : une genèse et un récit de la Marche par Mouloud Mimoun, un carnet de route de la Marche donnant la parole aux marcheurs par Youssef Elouazzani et Djelloul Beghoura, un reportage en images et en musique sur les étapes de la région parisienne par Vouk Voutcho et un retour sur la manifestation parisienne par Tewfik Farès.
Le Musée, en partenariat avec l’INA (Institut national de l'audiovisuel - Ina.fr), met en ligne et en accès libre l’intégralité de l’émission telle qu'elle a été diffusée à l'époque.
Diffusée de 1977 à 1987 sur FR3, tous les dimanches matin, pendant 1h30, Mosaïque est une émission de variété (avec un plateau où se produisent des groupes de musique) qui diffuse également des reportages sur les pays d’origine de l’immigration et sur les immigrés qui vivent en France. À sa création, elle vise à valoriser les cultures d’origine des immigrés, mais aussi à mieux les faire connaître au reste de la population.
L’appel à collecte autour de la Marche du Musée national de l’histoire de l’immigration
Collecter les archives de la Marche de 1983 : la patrimonialisation d'une histoire militante
Le Musée national de l’histoire de l’immigration a lancé, au cours de l’été 2023 un appel à collecte national à destination des institutions patrimoniales et des acteurs associatifs, impliqués pour certains, de longue date, dans les luttes sociales. Cet article est un point d'étape revenant sur ce travail de collecte, expliquant sa méthodologie, les choix fait et les spécificités d'une telle collecte.
Accéder à l'article
Retrouvez ici l'appel à collecte lancé par le musée à l'été 2023
Les grands témoins : éléments d’histoire autour de la Marche
Dans le cadre de la collecte, nous avons rencontré plusieurs acteurs et témoins de la Marche qui nous ont raconté son déroulement et le contexte dans lequel elle est née. Nous avons recueilli et enregistré leur témoignage dont nous donnons à voir ici quelques extraits.
Cartographie : inventaire des archives de la Marche
Cette carte recense et présente les principaux lieux conservant des archives autour de la Marche (institutions, associations ou individus). Elle est évolutive et sera alimenté au fur et à mesure de l'avancée de cet inventaire des archives de la Marche lancé en 2023.
Pour aller plus loin : la Marche à travers la revue Hommes & Migrations
La revue Hommes & Migrations propose une sélection d’articles issus de ses archives de 1983 à aujourd'hui sur la Marche (son histoire, sa portée) et sur l’émergence de la jeunesse issue de l’immigration dans l’histoire des luttes contre le racisme au sein de la société française.